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L’ASTRONOMIE PARISIENNE. — II. LES PHYSICIENS

» En leur temps, Ptolémée et Albatégni ont admis ce qui a été dit ci-dessus, ce qui se trouve reproduit dans les traités précédemment cités. Les Tables Alphonsines admettent ce que je viens d’indiquer ; et, en ce point, si elles posent que cette durée est invariable, il est raisonnable de les reprendre.

» Que les Tables Alphonsines soient en désaccord avec les anciens observateurs, ces astronomes le montrent par la différence entre l’époque de l’entrée du Soleil en chacun des Signes donnée par ces Tables et l’époque donnée par les anciens observateurs ; cette différence, en effet, se trouve fort grande.

» De même, en notre temps, certains astronomes ont trouvé, pour l’entrée du Soleil dans le Bélier, une différence [entre l’époque observée et l’époque donnée par les Tables Alphonsines]. En l’année 1290, le 12[1] du mois de mars, on a trouvé que le Soleil entrait dans le Bélier après la seizième heure, ce qui s’écarte beaucoup de l’indication donnée par ces tables. En l’année 1346, ou a trouvé que l’heure de l’entrée du Soleil dans le Bélier n’était pas l’heure marquée par les Tables Alphonsines.

» Les gens experts en Astronomie concluent donc que la durée de l’année solaire ne doit pas être regardée comme toujours la même, qu’on la doit supposer variable, tantôt plus grande et tantôt plus petite. De même, comme on l’a vu ci-dessus, on trouve que le mouvement des étoiles fixes est tantôt plus vite et tantôt plus lent. Aussi, comme le dit Jean de Murs, le mouvement du huitième cercle et le mouvement différent de l’auge solaire obligent d’admettre qu’une variation d’équation rend inégales entre elles les diverses années. »

En toutes ces remarques, nous ne trouvons guère d’originalité, mais les souvenirs de nombreuses lectures y transparaissent.

L’observation du 12 mars 1290, citée par Pierre d’Ailly, est celle de Guillaume de Saint-Cloud[2].

Le passage où cette observation se trouve citée a été copié presque textuellement dans Fécril anonyme[3] intitulé : Expositio tabularum Alfonsii vel motiva probantia falsitatem earum. C’est aussi cet écrit qui a fourni la mention d’une observation faite ou 1346.

Enfin, Pierre d’Ailly invoque explicitement une opinion émise par Jean de Murs et Firmin de Belleval dans leur lettre au pape Clément VI[4].

  1. Par erreur, le texte dit : 13.
  2. Voir : Seconde partie. Ch. VIII, § III ; t. IV, p. 17.
  3. Voir : Seconde partie, Ch. III, § IX ; t. IV, pp. 71-72.
  4. Voir : Seconde partie, Ch. VIII, § VII ; t. IV, p. 55.