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L’ASTRONOMIE LATINE AU MOYEN ÂGE

À ces travaux astronomiques, l’Elucidarium de l’Évêque de Cambrai n’ajoute rien ; mais il nous prouve qu’en 1404, ces travaux n’étaient nullement oubliés ; il nous montre qu’on était encore soucieux à Paris, au début du xve siècle, des problèmes qu’on y avait agités à la fin du xiiie siècle et durant la première moitié du xive siècle ; l’insuffisance du système adopté par les Tables Alphonsines pour représenter les mouvements lents des étoiles fixes et de l’apogée solaire rendait anxieux tous ceux qui s’intéressent aux circulations célestes ; ainsi se maintenait et s’entretenait le désir de voir ces mouvements lents représentés d’une manière plus exacte ; plus que toute autre tendance, ce désir préparait les esprits à recevoir avec faveur la théorie copernicaine.

L’Elucidarium de Pierre d’Ailly ramenait l’attention vers les problèmes de la détermination de la durée de l’année solaire et de la correction du calendrier : l’Évêque de Cambrai allait, avec véhémence, et dans une circonstance solennelle, rappeler à la papauté et à l’Église qu’il y avait urgence à résoudre ce dernier problème.

Le 7 août 14091, le Concile de Pise avait clos ses sessions, après avoir mis fin au Schisme d’Occident. Il avait, avant de se dissoudre, décide qu’un nouveau concile se réunirait à bref délai pour porter remède aux abus dont souffrai l’Église. Au nombre des irrégularités qui appelaient une urgente réforme, les Pères du Concile de Pise avaient compté le désordre du calendrier. Pierre d’Ailly, peut-être, n’avait pas été étranger à cette décision ; toujours est-il qu’il prépara un écrit destiné à presser le Concile d’accomplir la besogne qu’on attendait de lui.

Ce petit traité est intitulé[1] : Exhortatio ad concilium generale super kalendarii correccione. Il commence en ces termes : « Capitulum primum. Quanta diligencie cura olim fuit ecclesie christiane de observacione pascali… » La dernière phrase est ainsi conçue[2] : « Tollat igitur hoc obprobrium ville a populo christino, aufferat ab ecclesia dei hanc verecundiam apostolica celsitudo et sacra

  1. Bibliothèque Nationale, fonds latin. ms. no 15171, fol. 36, ro.

    L’Exhortatio super calendarii correctione se trouve imprimée dans :

    Hermann von der Hardt, d/ar/nnm Consfanh’e/ise, Francfort et Leipzig, 1679, t. IL p. 72.

    Mansi, Nova Collectio Conciliorum, XXVIII, 370.

    Lenfant, Histoire du Concile de Constance, Amsterdam. 1714, p. 695.

    Une analyse de cette pièce se trouve également dans : Kaltenbrunner. Die Vorgeschichte der Gregorianischen Kalendarreform (Sitzungsberichte der philosophisch-historischen Classe der K. Akademie der Wissenschaften zu Wien ; Bd. LXXXII, 1876, pp. 328-335).

  2. Ms. cit., fol. 44, ro.