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L’ASTRONOMIE ITALIENNE

la vérité de l’Astrologie. Que dirai-je ? dirai-je que ses raisons sont fausses ? Pis que cela ! Elles sont puériles et ridicules au delà de ce qui se peut dire. Voici celle qu’il regarde connue la plus efficace : Le Quadrivium serait détruit si l’on supprimait l’Astrologie, car c’est une des quatre sciences mathématiques. Voyez à quel point il ignore la nature de cela même dont il fait profession ! »

D’ailleurs, si Guido Bonatti était en grande estime auprès de ces devins plébéiens et idiots que Jean Pic traite avec un si profond mépris, les astrologues qui se piquaient de plus de science et de distinction ne le jugeaient pas moins sévèrement que le Comte de Concordia. Écoutons plutôt ce qu’en dit le Siennois Lucius Bellantins dans sa réponse à l’Apologia adversus astrologos de Pic de la Mirandole[1].

La véritable Astrologie n’a rien qui soit contraire à la religion chrétienne[2] : « Qu’Albumasar et Bonatti aient été d’un autre avis, rien d’étonnant ; l’un n’était pas savant et l’autre était ignorant.»

C’est folie que d’admettre l’horoscope des religions. À propos de ceux qui ont suivi, en ce point, l’opinion d Albumasar et d’Abraham le Juif, « il nous faut dire [3] comment cet homme, dépourvu de toute philosophie ef ignorant de la vérité astrologique que fut Guido Bonatti a eu l’audace de prononcer un jugement sur la religion chrétienne, lui qui ne savait cependant pas juger les plus petites choses ; mais, d’une part, cet homme ne connaissait pas les puissances des cieux, et, d’autre part, il n’adhérait pas à la religion du Christ. »

Dans ses Astronomiæ tractatus decem, Guido Bonatti aime à rappeler ses souvenirs personnels ; il nous fournit par là, sur sa propre vie, un certain nombre de renseignements ; d’autres renseignements se rencontrent en diverses chroniques du xive siècle. En puisant à ces diverses sources, le prince Baldassare Boncompagni a pu retracer bon nombre de traits[4] de la carrière qu’a parcourue notre astrologue.

1. Defeneio Astrologiae contra Ioannem Picam Mirandulam. Lccn Bkllantu Senensis mathematici ac ptiysiei Liber de astrologua ueriiale. ht in •"V11"1, : t tories toannis Pici advenus asfrologos renponstones. t.oiophon : Lucii Uellanm 1 ( responsiones ad Ioantiis t ici Senknsis /zia/Aemahcf ac tories /oannis Pici oi/oersüs _ civis Senensis Aitîum et Medîcinæ doclons, responsiones ad loanim» i ici comitis obiecliones : quus adversus AsUologicam veriUtem ; quaravis non ediderit commeniatus est : Féliciter fimunt. Vendus per Bernardipum Vme-’ tum de Vitalibus Anna a nalali chrisliniio Mcccçcn. C.um Pnvilegio.

2. Lucii Bellantii Senensis Artium et Medicinae doctoris Responsiones in disputationes loantiis Pici Miran. Co. adversus astrologot. Liber secundus. -Ed. cil., premier loi. du Lib. Il, verso.

3. Lucii Bellantii Oe. /and , Liber quintus, au commencement du Inu •

4. Del la rita e de ! le opéré di Guido lionatti astrologo ed astronomo del

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