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L’ASTRONOMIE LATINE AU MOYEN ÂGE

Vers l’an 1387, Filippo Villani a composé un ouvrage, en deux livres, sur l’origine et les antiquités de Florence ; au second livre de cet ouvrage, un chapitre, le XXIIIe, est consacré à conter la vie de Guido Bonatti ; ce chapitre a été reproduit, dans son opuscule, par le prince Boncompagni.

Nous y voyons[1] que Guido naquit à Cascia, village de Toscane, dans la vallée supérieure de l’Arno. Molesté, nous ne savons de quelle manière, par quelqu’une de ces séditions ou de ces proscriptions alors incessantes en Italie, il quitta son pays ; il fit plus : profondément blessé de l’injustice dont il était ou dont il se prétendait victime, il voulut renier sa patrie et, dans tous ses écrits, il se donna comme originaire de Forli,

Son père, Ser Bonatto, exerçait à Cascia la profession de notaire[2] ; on possède un certain nombre d’actes, datés des années qui vont de 1219 à 1233, qui sont signés de sa main ; d’autres actes, datés de 1294 et de 1296. sont également signés d’un Ser Bonatto dont le premier était sans doute l’ancêtre.

On ignore la date de naissance du futur astrologue. Mais il nous rapporte lui-même[3] qu’il vit en 1223, à Ravenne, un homme qui se prétendait âgé de quatre cents ans ; en 1223, donc, Guido n’était plus un tout jeune enfant.

Dès 1233, d’ailleurs, nous le voyons[4] à Bologne, en querelle, au sujet de l’Astrologie, avec le célèbre Frère prêcheur Jean de Vicence. Dès ce moment aussi, si nous l’en croyons [5], il était passé maître en l’art judiciaire ; de Forli, où il observe, il avertit Frédéric II, qui se trouve alors à Grosseto, qu’une conspiration le menace, dont les astrologues impériaux n’ont pas deviné l’existence ; mis sur ses gardes, l’empereur découvre, en effet, que Pandolfo da Fasanella, Theobald, Francesco et plusieurs de ses secrétaires avaient conjuré sa mort ; cela se passait en 1233, alors que Frédéric était en lutte contre son fils.

Guido Bonatti a-t-il vraiment rendu à Frédéric II le service dont il se vante ? Il est permis de penser que l’Empereur l’eût récompensé en l’attachant à sa personne, et nous ne voyons pas qu’il l’ait fait ; Guido ne prit point rang auprès de Michel Scot.


    secolo decimoterzo. Notizie raccolte da B. Boncompagni. Roma, 1851 (Estratte dal Giornale Arcadico, tomo CXXIII-CXXIV).

  1. B. Boncompagni, Op. laud., pp. 5-6 et pp. 14-16.
  2. B. Boncompagni, Op. laud., pp. 16-21.
  3. Guidonis Bonati, Op. laud., Pars I, tract. V, consideratio 141 ; éd, cit., col, 209.
  4. B. Boncompagni, Op. laud., p. 22.
  5. Guidonis Bonati Op. laud., Pars I, tract. V, consideratio 58 ; éd. cit., col. 182. — Cf. B. Boncompagni, p. 24.