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L’ASTRONOMIE ITALIENNE

seconde main, en étudiant, par exemple, le traité d’Al Fergani.

De toutes les doctrines astronomiques qui préoccupaient, au temps où il écrivait, les savants de France et d’Angleterre, il li en est qu’une dont il parle avec quelque détail ; c’est celle du mouvement d’accès et de recès de la huitième sphère. Bien qu’il ne nomme pas Thâbit ben Kourrah, il a tenté, cependant, de s’assimiler la théorie qu’on attribue à cet auteur : il y a, d’ailleurs, fort imparfaitement réussi, et d’une manière qui nous donne une médiocre idée de son talent de géomètre.

Cependant, cette théorie semble avoir été, pour Ristoro, le sujet de fréquentes méditations ; il l’avait exposée au commencement de son ouvrage[1] ; il y revient vers la fin[2], pour signaler de nouveaux aperçus.

Après avoir classé les étoiles fixes, Ristoro poursuit, en ces termes[3] :

« Selon l’observation de Ptolémée et de tous les autres savants, ces étoiles se meuvent avec toute leur sphère et avec l’ensemble des sphères des sept étoiles qu’on nomme planètes ; ce mouvement est d’un degré en cent ans. Par suite, l’auge de chaque planète et ses zeunzaar[4], qui sont sa tête et sa queue du dragon, se meuvent de la même manière. Et ce mouvement est nommé mouvement de sphère [mouvement de rotation].

» Puisque le Ciel comprend trois cent-soixante degrés, certains savants, tel Alfragan, ont admis que les révolutions des étoiles fixes, celles des auges des sept étoiles nommées planètes et celles de leurs zeunzaar s’accomplissent suivant l’orbe des Signes en trente-six mille ans.

» Mais, après ceux-là, vinrent d’autres savants qui firent des observations plus délicates ; ceux-ci admirent que, par le mouvement que nous avons dit, les étoiles fixes se meuvent vers l’Orient de dix degrés sans plus ; qu’elles rétrogradent alors et se

  1. Ristoro d’Arezzo, Op. laud., lib. I, cap. XVII : Dell’opinioni e sentenze del movimento dell’ottava spera, e delle stelle le quali sono in essa spera. Éd. cit., pp. 28-30.
  2. Ristoro d’Arezzo, Op. laud., lib. VIII, cap. XXI : Del movimento dell’ ottava spera, e com’egli si fa nelli suoi cerchi piccoli, e della quantità del diametro di quelli cerchi, e del tempo del suo movimento. Éd. cit., pp. 302-307.
  3. Ristoro d’Arezzo, Op. laud., lib. I, cap. XVII ; éd. cit., p. 28.
  4. Les zeunzaar, zengaar ou genzaar sont les nœuds ou points d’intersection du plan contenant l’orbe excentrique de la planète avec le plan de l’équateur. Lorsqu’il s’agissait, en particulier, de la Lune, on leur donnait, nous le savons, les noms de tête et de queue du dragon ; certains auteurs étendaient ces dénominations à toutes les planètes (V. Tome III, p. 467).