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L’ASTRONOMIE ITALIENNE

igitur qui doceat quærendus est… Qui doceatur talis eligendus est quod… » iis ont pour objet, en second lieu, l’ordre à suivre dans l’étude des diverses sciences : « Ordo vero discendi est ut… » L’imitation faite du Περὶ διδαξέων par le Pseudo-Boëce eût laissé a désirer si l’auteur n’eût terminé son livre par deux chapitres [1] dont le premier s’intitule : « De disciplina et magistro eligendo », tandis que le second prend pour sujet : « De modo et ordine adiscendi scientiam ».

La parfaite analogie que nous venons de constater entre les plans sur lesquels ont été construits le Περὶ διδαξέων et la Philosophia Boetii se complète par de surprenantes ressemblances de détail. S’agit-il, par exemple, d’expliquer la disposition des quatre éléments ? Guillaume de Conches use de cette comparaison [2] :

« Mundus nempe ad similitudinem ovi est dispositum. Nam terra in medio, ut meditullium in ovo. Circa hanc est aqua, ut circa meditullium albumen. Circa aquam aër, ut panniculus circa albuginem. Extra vero, cætera concludens, est ignis admodum testæ ovi. »

Le Pseudo-Boëce dit de même [3] :

« Forma mundi est similis ovi gallinæ in omni, quoniam sicut cortex est extra, concludens interiora sui, id est pelliculam, albumen et vitellum, ita quatuor elementa, quibus est mundus, ad invicem rationabili ordine sont unita. »

Souvent, la ressemblance va si loin que la Philosophia Boetii reproduit presque textuellement des passages entiers du Περὶ διδαξέων ; ainsi en est-il du remarquable passage où Guillaume de Conches oppose l’Astronomie à l’Astrologie [4].


Guillaume de Conches [5]                      Pseudo-Boëce [6]                 

Astrologice vero tractare, est ea dicere quæ videntur in superioribus sive ita sint sive non ; multa nempe ibi esse videntur.

Astrologice tractare, est dicere ea quæ videntur, vel creduntur, sive ita sit sive non, cunm multa videantur in altitu-.

  1. Enrico Narducci, Op. laud., p. 31.
  2. Gulielmi de Conchis Op. laud. ; Hirsaugiensis, p. 65 ; Beda, col. 1167 ; Honorius, col. 85.
  3. Enrico Narducci, Op. laud., p. 27.
  4. Nous avons commenté précédemment ce passage (T. III, pp. 99-100).
  5. Gulielmi de Conchis Op. laud., Hirsaugiensis, p. 30 ; Beda, coll. 1140-1141 ; Honorius, col. 59.
  6. Enrico Narducci, Op. laud., p. 29. — La phrase qui commence par Astrologice vient, en réalité, après celle qui commence par Astronomice ; nous avons interverti ces deux phrases afin de les placer en regard des phrases correspondantes de Guillaume de Conches.