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L’ASTRONOMIE ITALIENNE

croyait également que le ciel du Soleil fût immédiatement contigu à celui de la Lune, en sorte qu’il fût le second par rapport à nous. Ces opinions erronées, peut les voir qui vent au second livre du traité du Ciel et du Monde, qui est le second des traités physiques. Il est vrai qu’il s en excuse au douzième livre de la Métaphysique, où il montre bien qu’il a simplement suivi l’avis d’autrui, partout où il lui convenait de parler d’Astronomie.

» Plus tard, remarquant que la huitième sphère se meut de plusieurs mouvements,… et contraint par la Philosophie naturelle, qui veut de nécessité un premier mobile très simple, Ptolémée a supposé, hors du ciel étoilé, l’existence d’un autre ciel qui fît sa révolution d’Orient en Occident…

» Selon lui, donc, et selon quiconque est expert en Astronomie et en Philosophie (depuis que ces mouvements ont été vus), il y a neuf cieux mobiles… »

« On doit savoir, poursuit Dante[1], que chacun des cieux qui se trouvent au-dessous du Ciel cristallin a deux pôles qui sont fixes par rapport à lui ; tandis que le neuvième ciel a ses pôles fermes, fixes et immuables [d’une manière absolue], et non pas par rapport à quelque chose. »

Cette affirmation suppose que le mouvement propre de la huitième sphère soit une simple rotation, et non pas le mouvement plus compliqué que Thébit ben Kourrah lui attribuait ; Dante, d’ailleurs, qui s’instruisait de ces choses par la lecture d’Al Fergani, devait partager l’opinion de Ptolémée touchant la précession des équinoxes ; nous en serons assurés dans un moment.

« Vraiment[2], au delà de tous ces cieux, les Catholiques admettent le Ciel empyrée, ce qui veut dire Ciel de flamme ou Ciel de lumière ; ils admettent, en outre, qu’il est immobile, car il possède en soi, et selon chacune de ses parties, ce que sa matière requiert. Et là est la raison pour laquelle le premier mobile a un si rapide mouvement ; il l’a par suite du très ardent appétit qu’éprouve chacune de ces parties d’être conjointe à chacune des parties de ce Ciel immobile et très divin ; il tourne donc, à l’intérieur de celui-ci, avec un tel désir que sa vitesse est quasi incompréhensible. »

La raison par laquelle Dante justifie l’immobilité du Ciel empyrée est celle qu’invoquait Michel Scot pour démontrer l’existence de ce Ciel.

  1. Dante Alighieri, Op. laud., tratt. II, cap. IV ; éd. cit., p. 117.
  2. Dante Alighieri, Op. laud., tratt. II, cap. IV ; éd. cit., p. 116.