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L’ASTRONOMIE ITALIENNE

nous avons précédemment analysés1, lorsque nous avons retracé la fortune de cette hypothèse au cours du Moyen Age. Le Lucidator a certainement contribué à la sauver du complet oubli où le triomphe incontesté du système de Ptolémée tendait à l’ensevelir.

II. — l’aut-il admettre Pexistencc d’excentriques et d’épicyeles ? A l’examen de cette question, Pierre d’Abano consacre deux différences, la quatrième et la cinquième.. Au début de la quatrième différence*, il énumère très complètement les objections soulevées par le Commentateur contre l’hypothèse des excentriques et des épicycles ; mais, tout aussitôt, il formule3 les deux principes qui doivent condamner le système des sphères hoinocentriques et soutenir, au contraire, le système de Ptolémée.

Le premier de ces deux principes exige le rejet de toute théorie <pii contredit au témoignage des sens ; il est emprunté au Stagirite lui-même : « Le sens, en bonne disposition, ne peut se tromper touchant sou objet propre. Ce qui est visible est l’objet propre de la vue. Or la vue perçoit un même astre tantôt plus grand et tantôt plus petit, et cela en des circonstances qui écartent toute cause d’erreur provenant du milieu interposé. Cela ne peut provenir que d’une seule cause, la proximité ou l’éloignement de cet astre. » Voilà un argument qui condamne sans recours le système des sphères hoinocentriques.

Voici maintenant le second principe : « La nature ainsi que l’art s’efforce, selon Aristote et Ptolémée, de parvenir à sa lin parles moyens les plus courts ; c’est péché, en effet, comme on le voit au premier livre des Physiques, d’accomplir d’une manière plus compliquée ce qui peut être fait d’une manière plus simple. » Or le mécanisme des excentriques et des épicycles est celui qui reproduit le plus simplement les divers mouvements des astres ; c’est donc celui qu’il faut admettre.

Après avoir formulé les principes (pii dirigeront sa discussion, Pierre d’Abano expose avec une grande érudition les hypothèses diverses qu’ont proposées les astronomes pour rendre compte des mouvements célestes.

11 commence par le système des sphères hoinocentriques, dont il fait remonter l’invention à un fabuleux Nembroth giyas, et dont i

t. Voir : Seconde partie, Ch. lit, § XIV ; t, 111, pp. i53sqq. 2. Ms. cit., fol. 112, coll. c et d.

3. Ms. cit., fol. ii2, coL d.

f|. Ms. cit., fol. ii3, coll. b, c, d, fol. 11^, col. a et b.