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L’ASTRONOMIE ITALIENNE

nisme rigide qui fait dépendre des circulations célestes toutes les transformations du monde sublunaire ne laisse aucune place à l’action d’une volonté libre, que cette volonté soit celle de Dieu ou celle de l’homme.

Contre ce fatalisme astronomique, la Scolastique chrétienne qui avait son centre à Paris n’a cessé de lutter par l’enseignement de ses docteurs et par les décisions de ses évêques. Au pouvoir des astres, Albert le Grand, Saint Thomas d’Aquin, Roger Bacon opposent deux bornes : la souveraine volonté de Dieu, le libre arbitre de l’homme. En 1277, l’évêque de Paris, Étienne Tempier, condamne une foule de propositions qui s’étaient enhardies jusqu’à transgresser ces termes.

Nous aurons plus tard à retracer la lutte que l’Université de Paris a menée contre l’Astrologie. Pour le moment, nous nous bornerons à écouter un écho italien des opinions qui, en France, s’étaient imposées.

En diverses circonstances, Blaise de Parme se montre à nous comme un de ceux qui ont contribué à faire pénétre]1 les doctrines de Paris dans renseignement des universités de Bologne et de Padoue [1] ; il semble qu il ait, en Astrologie, joué le rôle d introducteur des principes tenus, à Paris, pour orthodoxes.

On possède [2] un pronostic dressé par Maître Blaise de Parme pour l’année 1405 : Jw/icium rceoZiUionis an/ti f-fftâ, II Marc h cum koris ef frac/ioitibtis7 seett/idum Mayixlrum li/asium de Par ma. Or, cc pronostic commence par une déclaration qu’il nous parait intéressant de reproduire :

« Avant que je pénètre en la présente matière, je vais, pour ma propre information et pour celle d’autrui, exposer d’abord quelques raisons qui me poussent à dire plus largement ce qui suit ; je les exposerai en manière de propositions, sous ia forme accoutumée de ceux qui philosophent.

» Première conclusion : De quelque manière que les astres influent ou puissent influer’, ils exercent et exerceront cette influence par le consentement de Dieu, et point autrement.

» Corollaire : Quels que soient les évènements pré us et de quelque manière qu’ils adviennent, ils n’adviendront pas là où Dieu voudra qu’ils n’adviennent pas.

  1. Pierre Duhem, Dominique Solo et la Scolastique parisienne. XXIV. Comment les doctrines de Nicole Oresme se sont répandues en Italie (Études sur Léonard de Vinci. Troisième série : Les précurseurs parisiens de Galilée. Paris, 1913 ; pp. 483-485).
  2. Bibliothèque Nationale, fonds latin, ms. no 7443. Fol. 11, vo, à fol. 22, vo.