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L’ASTRONOMIE LATINE AU MOYEN ÂGE

qu’un résume très court et très sec du commentaire d’Averroès, en sorte que de tous les écrits de noire auteur, elle est peut-être le moins original et le moins intéressant.

Ainsi, à deux reprises, Gaëtan fait observer [1] que le Commentateur a élevé des objections contre le système des excentriques et des épicycles ; mais ces objections, il déclare que, pour être plus bref, il les passe sous silence ; partant, il ne les discute pas.

C’est la lecture du Commentateur qui suggère à Gaëtan la réflexion suivante [2] : « Le physicien et l’astronome se rencontrent en l’étude de ces choses que sont l’ordre et la distance des astres ; mais ils diffèrent par leur manière de les considérer ; la plupart du temps, en effet, l’astronome use, en considérant ces objets, de la démonstration en à partir de ce qui est constaté par les sens, comme les éclipses etc. ; le physicien, au contraire, traite ces mêmes questions par la démonstration en propter quid, en considérant quelle est la nature des astres et de leurs moteurs. En outre, la démonstration en propter quid diffère selon qu’elle est employée par l’astronome ou par le physicien ; l’astronome, en effet, fait abstraction de la matière et du mouvement, ce que ne fait pas le physicien. Si donc on demande pourquoi le ciel est sphérique, l’astronome répondra : Parce que c’est un corps où toutes les lignes menées du centre à la circonférence sont égales entre elles. Tandis que le physicien dira : Parce que c’est un corps qui n’est ni grave ni léger, mais d’une nature intermédiaire. »

À force de résumer Averroès, Gaëtan a réduit les propos du Commentateur à ce qui se lisait déjà aux Seconds analytiques ; sur ce même sujet, Averroès avait fait preuve de beaucoup plus de pénétration ; il avait reconnu que la démonstration des astronomes n’était à proprement parler ni une démonstration en propter quid ni une démonstration en quia ; par là, il avait mis en question la valeur de cette démonstration ; à la question ainsi posée, et sous l’influence de Simplicius, Saint Thomas d’Aquin et Jean de Jandun avaient donné une réponse digne d’être méditée ; il ne semble pas qu’elle l’ait été dans l’École de Padoue.

Gaëtan reproduit parfois, sans les corriger, les erreurs astrono-


    nu de materia celi nuperrime impressa et quamdiligentissime emendata. Colophon : … Impressas Venetiis Mandato impensisque heredum Nobilis Viri D. Octaviani Scoti Modoetiensis. Per Bonetum Locatellum presbyterum Bergomensem. Anno domini 1502. Tertio Idus Iulias.

  1. Gaietani Op. laud., lib. II, tract. I, cap. VI, éd. cit., fol. 39, coll. a et b ; lib. II, tract. II, cap. II, éd. cit., fol. 43, col. c.
  2. Gaietani Op. laud., lib. II, tract. II, cap. III, éd. cit., fol. 44, col. d.