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LA CRUE DE L’ARISTOTÉLISME

mais indissolublement unies ; l’une est l’action immédiate de la cause inférieure ; l’autre est l’action que la cause supérieure exerce par l’intermédiaire delà cause inférieure. La cause (pii produit un homme, en même temps qu elle le fait homme par son action directe, le fait animal par la puissance qu’elle tient de la cause supérieure.

De ce principe, qui domine tout le Livre des Causes, nous trouvons une application en analysant l’action de F âme Toute âme a trois opérations : line opération qui lui est propre et que le Livre des Causes nomme opération animale ; une opération intelligible qui transmet l’aclion de l’intelligence ; enfin nue opération qui dérive de la Cause première et que le même livre appelle opération divine. Par l’opération divine, la vertu (pie l’Ame lient de la Cause première prépare la nature à recevoir l’impression de l’Ame ; par l’opération intelligible, la vertu qui* l’intelligence communique à l’Ame fait connaître à celle-ci l’impression qu’elle doit produire ; enfin par l’opération animale (pii lui est propre, l’Ame meut le premier corps et tous les corps de la nature. Cette triplicité, d’ailleurs, que nous découvrons en toute opéraration de l’Ame n’est que la marque de la triplicité qui se rencontre dans l’Ame même, qui se retrouve dans l’intelligence et dans l’Etre

Cette triplicité se révèle, elle aussi, par l’analyse des relations qui unissent la cause à l’effet. Toute cause est en son effet, et tout effet est dans sa cause. Mais l’effet n’est pas dans la cause tel qu’il est en lui-même ; il y est de la manière qui convient à la nature de cette cause ; d’une façon précise, F existence de i effet dans la cause consiste eu ceci, et en ceci seul, «pie cette cause est cause de cet effet. De même, la cause est dans l’effet de la manière que comporte la nature de cet effet ; autrement dit, elle y est parce (pic cet effet est l’effet de cette cause. On peut donc dire que l’effet est dans la cause sous forme de cause, et que la cause est dans l’effet sous forme d’effet.

Dès lors, « chacun des premiers principes est en chacun des autres, mais il y est de la façon que 1 un d’eux peut être en 1 autre a. Dans l’Etre sont la Vie 4 et l’intelligence ; et dans la Vie sont l’Etre el l’intelligence ; et dans l’intelligence sont F Être et la 1. Liber de Causis, lîî ; éd. cil*, fol. 71, colL c. et d. 2. Liber de Causis, XII ; éd. cil., fol. 78, col !, a et b. 3. Liber de Cauris, XII ; éd. cil., fol. 78, col. a et b. 4. Ici, comme en divers endroits, le ZjWe rfes Causes prend la I ie pour synonyme de l’A/zie*