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LES SOURCES DU NÉO-PLATONISME ARABE

« Cette Ame est donc unique mais les âmes multiples se résolvent en son unité ; elle se répand en multitude et, en meme temps, ne se répand pas. Il suffit, en effet, qu’elle se donne à tons et, en même temps, qu’elle demeure une. Elle exerce ses forces sur tous a la fois, et elle n’est complètement séparée d aucun ; elle est donc la meme chose en plusieurs. — Ixavr, vào zàen Tzapaoydv eauTTjV xal usvetv ’xia. âuvxrai yàp -àvTa xal sxàffvou oux aTCOTéTtXïiTaî. Î77.VTT. * TO ttUTO OUV ÊV TOAXgÙ. » Nous voyons, en ce passage, que Plotin compare l’opération par laquelle l’Ame une anime chacun des corps humains a relie par laquelle un principe de forces agit sur des mobiles. En cette operation, l’Ame unique est active elle corps animé est quelque chose de passif qui subit cette action.

Quant à Pâme incorporée, il l’avait, un peu auparavant % appelée une passion une qualité (tzg’.gtc, ;) ; il 1 avait comparée à « l image (eïotokov) maintes fois répétée d’un meme objet, comme si plusieurs sceaux de cire portaient l’empreinte d’un meme cachet. » Ainsi avait-il dit auparavant que Fàme incorporée était la trace de l’Ame séparée.

Il semble bien que ces comparaisons tendent a exprimer une pensée très voisine de celle d Alexandre d’Aphrodisias. L Ame séparée dont parle Plotin ressemble fort au Noû ; -Qvrjvxo ;, l’aine incorporée au voûç Jusqu’ici, la doctrine du Maître alexandrin rappelle de très près le Péripatétisme. Par d’autres comparaisons, elle s’en éloigne pour se rapprocher du Platonisme.

Plotin veut3 sauver sa théorie de cette objection : S’il y a une Ame unique pour tous les hommes, d’où vient qu’un homme puisse sentir ce qu’un autre ne sent pas, que le premier puisse éprouver une passion et l’autre ne la pas ressentir, que celui-ci puisse être vertueux et celui-là vicieux ? Il répond : « De ce que mon Ame est la même que votre Ame, il n en résulte pas que le composé binaire (crjvajAçÔTEpov) qui est en vous soit le meme que le composé binaire qui est en moi : si une même chose se trouve en deux choses différentes, elle n’aura pas, dans l une et dans l’autre, les memes propriétés ; de meme l’homme peut être immobile eu vous et, chez moi, en mouvement, si je marche et si vous êtes arrêté. »

Ici, le rapport de l’Ame unique avec les divers individus est coin- 1. Plotin i Enneodts/P* lib. IX, cap. V ; éd.Didot, p. 297. 2. Plotini Z ?wirWôt /la ? lib. IX, cap. TV ; éd. cit.,p. 29G. 3. Plotini Enneadis /V« lib. IX, cap. Iï ; rd. cil., p. 294* r