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LA CRUE DE L’ARISTOTÉLISME

constituée par l’intelligence en acte (xx*. èvôj ex voû ûvvàps’. xai ~oû evep’/eia, tô ïè spol eïva’. luiuent exemptes (le matière ; en mie telle chose, en effet, la raison par laquelle elle est un certain être, et la forme par laquelle elle est <le telle espèce sont identiques à la nature entière de la chose. — AXa’ ou/ zinwv . î>"auX&v«avveXwç xaià-rXoùv, zz <ov û Aoyoç toj T’. ?// sivai xal tq siooç xaG o vavTOv èariv oXr, Tr, çutfei Tû’j TzoàytjiaTO ;- »

Ainsi, en toute chose qui a matière et forme, une substance résulte de I union de la forme avec la matière, tandis que la forme seule constitue 1 essence ; dans une chose dénuée de matière, l essence et la substance, identiques entre elles, se confondent l une cl 1 autre avec la nature meme de cette chose. Telle est la doctrine formulée par Thémistius,

« Puisdonc qu en toute chose composée de puissance et d’acte la substance (to tooe) diffère do 1 essence (to tôoî sivaéj, il faut bien que le moi (to êvw) soit distinct de mon essence (to Èpot ev/xi) ; le moi, c’est 1 Intelligence composée par l’union de Llntelligence en puissance et de l’intelligence en acte, tandis que mon essence est [aev 6 7uyzEi ;ji£’/û ; voù ;

ix tou evspvsia

Lors donc que je conçois ces pensées et que je les écris, c’est l’intelligence composée par l’union de Llntelligence en puissance et de 1 Intelligence en acte qui écrit, mais si elle écrit, ce n’est pas en tant qu’elle est Intelligence en puissance ; c’est en tant qu’elle est Intelligence en acte ; c’est de celle-ci, en effet, qu elle tire son activité. » Quant à mon essence, qui est en même temps T essence commune de tous les hommes, 1 essence spécifique de l’homme, elle consiste en ce qui est la forme par1 2 excellence, la forme des formes de 1 Ame humaine, en Llntelligence active. Voilà pourquoi, bien loin de prétendre, avec Alexandre, que LIntelligence active est un être divin, nous devons dire : Llntelligence active, c’est ce qui caractérise l’espèce humaine, Llntelligence active, c’est /Oî/.V HuêÏ ; OUV Q 7ÏOLTJTIXOÇ VOUÇ. »

Cette théorie de l’intelligence humaine soulève bien des problèmes.

Llntelligence active et l’intelligence en puissance sont toutes deux douées d’unité ; comment Llntelligence formée par la synthèse des deux premières peut elle se subdiviser en individus multiples ? Comment peut-elle constituer le moi d Alexandre d’Aphrodisias, qui porte certains jugements, et le moi de Thémistius, qui rejette ces mêmes jugements ?

1. Thémistu Qp. laud^ Z ; éd. cit., p. ioo. 2. Thémistius, /or, eiL ; éd. cit., pp. iooioi.