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LES SOURCES DU NÉO-PLATONISME ARABE

C’est l’intelligence en puissance qui est. au gré (le Tliémistius, la raison d’être de cette multiplicité ; elle n’a pas, en effet, l’unité parfaite de l’intelligence active : parce qu’elle est en puissance, elle est divisible ; l’intelligence active y pourra mettre en acte des notions distinctes les unes des autres. « Au sein de F Intelligence en puissance’, les notions sont distinctes les unes des autres ; en elle, sont les diverses sciences pratiques (jr/vai) et les diverses sciences théoriques Mais dans l Intelligence active, qui est mieux nommée Intelligence en acte, puisqu’on elle, l’essence est identique à l’acte (iv 5 e zy mz rdpvsi.av. pâkXov 5è èv zr, mpyeéj, glas z’vjzw «uwu r, zr, Èvîcyeia), nous trouvons une autre manière d’être plus difficile à décrire et plus divine ; cette Intelligence ne passe pas de telle pensée à telle autre ; elle n’use ni de l’analyse ni de la synthèse ; elle n’use pas des diverses notions à l’aide du raisonnement discursif ; toutes les idées, elle les possède réunies ensemble et elle les embrasse toutes d’un seul regard... » Que l’intelligence en puissance ne reçoive pas d’une manière indivisible ce que 1 Intelligence en acte lui donne d une manière indivisible, il n’y a rien là qui nous doive étonner. Les qualités corporelles sont, à proprement parler, dénuées de parties ; et cependant, les diverses matières ne les reçoivent pas d’une manière indivisible ; bien ail contraire ; la blancheur qui, par essence, est sans parties, est reçue dans la matière de telle sorte qu’elle y admette des parties. »

C’est donc dans l’analogie, si fortement affirmée par lui, de F Intelligence active avec une forme, de l’intelligence en puissance avec une matière, que Tliémistius trouve la solution du problème posé par l’existence des diverses intelligences individuelles. La forme, qui est une et indivise, eu s’unissant à une matière, qui est une, mais divisible en puissance, donne une substance actuellement morcelée en individus. Ainsi en est-il dans l’union de l’intelligence en acte avec l’intelligence en puissance. Le moi d’Alexandre d’Aphrodisias et le moi de Tliémistius ne conçoivent pas seulement des notions différentes ; tous deux écrivent, tous (leux se servent du corps ; comment cela est-il possible, alors que l’intelligence mixte, formée par l’union de l’intelligence active et de l’intelligence en puissance est, comme ces deux dernières, entièrement séparée du corps, et que le moi est constitué par cette Intelligence mixte ? Cette Intelligence mixte, séparée, impassible, éternelle, quelle relation a-t-elle avec l’Intell Thémistius, loc. cil. ; éd. ciL, p. 100.