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LE NÉO-PLATONISME ARABE

ligence [effective j ne sont qu’une seule et même chose, qui est, à la fois, ce qui connaît et ce qui est connu. Inintelligence et ce qui est connu d’elle, en tant qu ils sont dans l’àine, sont donc une même chose. Mais l’intelligence qui est toujours en acte, celle qui tire l’âme pour en faire l’intelligence effective, d intelligence en puissance qu elle était auparavant, celle-là n’est pas même chose que ce qui est connu. Du côté, donc, de l’intelligence première, cette Intelligence première el l’intelligible que 1 âme connaît ne sont pas une même chose ; mais, du côté de l’âme, l intelligence (pii connaît et ce qui est connu sont une même chose. » La connaissance des formes intelligibles est, en l’âme, un effet que produit rintelligence première ; mais en s’identifiant à la forme intelligible qu’elle conçoit, l’âinc ne s’identifie pas, pour cola, à l’intelligence première.

Qu’est-ce, d’ailleurs, que cette Intelligence toujours en acte, (pie cette Intelligence première ? Dans son court opuscule, Al Kiudi ne s’explique aucunement à cet égard, non plus qu’au sujet des conséquences que la théorie de l’intelligence séparée peut produire touchant la survie de l’âme.

Sous le titre : De intelleclu ou : De intelleclu el intelliyibili, le Moyen Age chrétien a connu le traité qu’Al Eârâbi avait lui-même intitulé : Des divers sens du mol Intelligence. Ce dernier litre marquait exactement l’objet visé par le philosophe arabe ; celui-ci se proposait d’éclaircir les sens multiples que le mot : intelligence (vqüç) prenait dans les divers écrits d’Aristote. Lors donc qu’au cours des traités du Stagirite, Al Eàrâbi rencontre ce mot : voüç, accompagné de quelque qualificatif nouveau, il entend tout aussitôt prouver qu’il s’agit d’un sens nouveau de ce mot et, partant, d’une nouvelle intelligence ; par là, il est amené à compliquer plus que de raison la doctrine péripatéticienne. Ainsi, au traité De l’dme, se rencontrent ces quatre expressions ; Xoô ; èv ouvàgî’., sv Evîové’.a, vo’J{ 8îtixTT|TOç, voüç Notre autour n hésite pas à enseigner 1 qu elles désignent quatre intelligences distinctes : L intelligence en puissance, l’intelligence en acte, l’intelligence acquise, l intelligcnce active. En admettant l’existence de quatre intelligences distinctes, Al Eârâbi se rapproche de son prédécesseur Al Kiudi ; mais entre les doctrines de ces deux auteurs, l’analogie ne se poursuit pas longtemps. Al Fârâbi se sépare de fous ceux qui ont, avant lui, commenté Aristote, et cela de la manière suivante. i. Alfarabis Jp- 66.