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LE NÉO-PLATONISME ARABE

maintenant des notions, des concepts dont l’ensemble constitue l’intelligible en acte.

Ces mêmes formes ont donc deux modes d’existence [1] ; une existence antérieure à l’abstraction, alors qu’elles résident au sein de matières extérieures à l’âme et constituent l’intelligible en puissance ; une autre existence postérieure à l’abstraction, alors qu’elles constituent l’intelligible en acte, forme qui, pour sujet et matière [2], prend l’intelligence en puissance.

« Lorsque les formes des divers êtres [3] sont ainsi devenues la propriété de l’intelligence en puissance, cette intelligence est, à son tour, devenue intelligence en acte…

» Cette intelligence en acte et l’intelligible actuel sont, d’ailleurs, une seule et même chose. … L’être qui connaît, l’opération par laquelle il connaît et le concept qui est connu sont une seule et même chose. »

L’intelligence en acte ne diffère donc pas de l’intelligible actuel, c’est-à-dire de l’ensemble des formes que l’intelligence en puissance a reçues à la façon dont les recevrait une matière, nous pouvons dire [4] : « L’intelligence en acte est une forme pour l’intelligence en puissance, et celle-ci est une matière pour celle-là. »

La connaissance dont, nous venons de parler n’est qu’un premier degré de connaissance ; à ce degré, en succède un second.

Dans la connaissance du premier degré, l’intelligible en puissance était constitué par l’ensemble des formes unies à la matière ; dans la connaissance du second degré, ce qui constitue l’intelligible en puissance, ce sont les formes qui ont été déjà reçues par l’intelligence en puissance, les formes qui ont constitué l’intelligible en acte propre à la connaissance du premier degré ; c’est, en d’autres termes, l’intelligence eu acte. L’intelligence peut, par nue opération plus élevée que celle dont nous avons déjà parlé, concevoir les formes comme étant déjà devenues ses formes, les connaître en tant quelles sont déjà des intelligibles en acte, méditer scs propres concepts.

Dans la connaissance du premier degré, l’intelligible en puissance et l’intelligible en acte avaient deux modes d’existence différents [5] ; l’intelligible en puissance se composait de formes ayant

  1. Alfarabi’s Abhandlungen, p. 69.
  2. Alfarabi’s Abhandlungen, p. 67.
  3. Alfarabi’s Abhandlungen, p. 68.
  4. Alfarabi’s Abhandlungen, p. 72.
  5. Alfarabi’s Abhandlungen, pp. 71-72.