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LA CRUE DE L’ARISTOTÉLISME

une existence réelle au sein des matières extérieures à Pâme ; [intelligible en acte était un ensemble de formes douées d une existence intérieure à l’àme, d une existence conceptuelle ; il fallait que 1 abstraction intervint pour que 1 intelligible en puissance pût devenir intelligible en acte.

Dans la connaissance du second degré, l’intelligible en puissance est. déjà formé de notions ; il est dans bénie ; il a une existence purement conceptuelle ; ainsi l’intelligible en puissance et l’intelligible en acte ont, ici, le meme mode d’existence ; pour passer de l’un à l’autre, il n’est plus nécessaire de recourir à l abstraction. « Lorsque l’intelligence actuelle pense l’intelligible qui consiste essentiellement en ses propres formes, et le pense en tant que ces formes sont actuellement conçues, cette intelligence, que nous avons appelée actuelle, devient l’intelligence acquise. » Nous pouvons donc, pour résumer cet enseignement d’Al Fàràbi, dire (jue 1 intelligence en acte connaît les concepts immédiatement formés par l’abstraction à partir des perceptions sensibles ; et que 1 intelligence acquise élabore, à partir de ces concepts, des notions plus générales et plus élevées. Ces notions plus générales et plus élevées jouent, à l’égard de 1 intelligence en acte, le rôle que jouaient, à l’égard de 1 intelligence en puissance, les notions immédiatement fournies par I abstraction ; elles jouent le rôle d’une forme. Nous pouvons donc dire’ que « l’intelligence acquise tient lieu de forme à l’intelligence en acte, et que celte dernière tient lieu de sujet et de matière à l’intelligence acquise. »

Notions que l’abstraction tire directement des données de la perception externe, notions que l’esprit élabore a partir de ses propres concepts, voilà, semble-t-il, l’énumération complète de ce que nous pouvons penser ; il ne parait donc pas qu’il y ait lieu d’admettre, au-dessus de l’intelligence acquise, aucune autre intelligence. Al Eàràbi eu veut, cependant, trouver une quatrième, qui soit le Nou ; notTQTwà ;, l’intelligence active ; voici comment il y parvient

Il y a des réalités, extérieures à notre àme, qui consistent en formes exemptes de matière ; pour devenir intelligibles, ces formes n’ont pas besoin de subir l’œuvre de rabstraction ; elles sont immédiatement intelligibles ; elles peuvent être connues telles qu elles sont en elles-mêmes. « Ce qui consiste en formes exemptes 1, Alfahàbj’s p. 72.

2. Alfarabi’s AbhuiitlhinyeHi pp* 71-72.