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LE NÉO-PLATONISME ARABE

dans Tâine raisonnable. Cette Emanation existe donc par elle-même ; or tout être en qui réside, par soi-même, une forme intelligible, est une substance qui a, par elle-même, son existence ; il n est pas corps et il n’est pas eu un corps. Ainsi cette Émanation ou l’Etre d’où provient cette émanation à laquelle l’ânie se conjoint, est une substance intellectuelle, qui n’est pas corporelle, qui n est pas en un corps, mais qui existe par elle-même. Elle s’attache à l’âme, elle lui advient, elle l’assiste comme la lumière donne assistance à la vue. »

Le langage de la Théologie d’Aristote se retrouve textuellement dans cette comparaison ; mais ce n’est plus seulement le langage de ce livre, c’en est une des pensées essentielles que nous allons rencontrer si nous poursuivons la lecture du traité d’Avicenne 1 : « La seule chose qui empêche l’âme raisonnable de persévérer B

dans l’union et la continuité avec cette Emanation, c’est le corps. Aussi, après qu’elle aura été séparée du corps, la continuité qui unit Pâme avec l’Etre qui la perfectionne et don ! elle dépend ne sera pas supprimée ; or cette union continue avec la chose dont elle tient sa perfection, avec la chose dont elle dépend, la mettra en sûreté contre toute corruption, étant donné surtout qu’elle n’est pas détruite, même quand elle s’en sépare et s’en éloigne. L’âme, donc, apres la mort, demeure constamment immortelle, dans la dépendance de cette noble substance qu’on appelle l’intelligence universelle ; les docteurs des diverses religions (doctores sectarum fidei) la nomment la Science de Dieu. »

Comme Alexandre d ’Ap ! irodisias, Avicenne pense qu’en cette vie, l’âme raisonnable n’est pas constamment jointe à l’Intelligence universelle ; elle est unie à cette Intelligence lorsque s’accomplit l’acte de la connaissance intuitive ; elle s’en détache lorsqu’elle pratique le raisonnement discursif ou l’expérience. Mais, à l’inverse d’Alexandre, Avicenne trouve, en cette circonstance, une plus forte raison de croire à l’immortalité de l’ftme ; l ame il est pas détruite lorsque son union avec le corps la contraint de se séparer temporairement de là divine Emanation ; combien g rande est la certitude qu elle survivra perpétuellement au corps, alors qu’après la mort, elle demeurera constamment conjointe à l’intelligence universelle ! Tout ce qu Avicenne nous a dit de 1 intelligence humaine, nous le retrouvons, sous une forme didactique irréprochable, dans cette Philosophie d’Al Gazàli que Dominique Gondisalvi avait traduite, i. Aviübnne, /oc. ciZ, fol. 34, rectu.