Page:Duhem - Le Système du Monde, tome IV.djvu/471

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
465
LE NÉO-PLATONISME ARABE

ferait des considérations mêmes par lesquelles elle est définie. Mais à qui ru douterait, il suffirait de rappeler la liste des êtres qu Al Gazàli rite comme exemples, afin de montrer que la Hijle n’existe jamais privée de forme substantielle : « Le ciel, rétoile, le feu, l’air, l’eau, la terre. » ün ne saurait dire plus clairement que la Hi/le est le fondement commun de tous les corps, des sphères célestes et des astres comme des quatre éléments. Cette théorie de la //yZe n a pas pris d’emblée la forme précise que lui donne Al Gazàli ; elle a passe par des tâtonnements. Par //y/c, les premiers philosophes arabes avaient entendu très exactement ce qu’Aristote nommait tzowtïj 5at* . « La Hyle, disait Al Kindi c’est ce qui reçoit et n est pas reçu, ce qui contient et n’est pas contenu : la lù/lc supprimée, tout ce qui n est pas elle est aussi supprimé ; mais lorsqu’on supprime tout ce qui n’est pas elle, on ne la supprime pas pour cela ; la /////c est toute chose ; elle esl ce (pii peut, sans corruption, recevoir les contraires ; la Hyfr* n’admet absolument aucune définition. » 1/idéc de considérer une Matière première déjà pourvue de dimensions (d, au-dessous d’elle, 1111e Matière plus indéterminée qui n a meme pas le caractère de corps semble s’être déjà présentée à la pensée d’Al Fârâbi ; du moins est-il permis de le conjecturer d un passage des Proôfômes /’o//dament aux où le Second Maître attribue à la matière céleste, aussi bien qu à la matière sublunaire, une propriété commune, qu’il nomme corporelle, et qu’il regarde sans doute comme une forme antérieure aux formes substantielles.

Voici ce passage ~ :

« Les corps célestes ont, avec les quatre éléments, cela de commun qu’ils sont composés de matière et de forme ; toutefois, la matière des sphères et des corps célestes est di fié rente de la matière des quatre éléments et des choses soumises au devenir ; les formes des corps célestes, elles aussi, sont, pour ainsi dire, à l’opposé des formes des autres corps, bien que les uns et les autres participent en înênic temps à la corporelle ; les trois dimensions, en effet, sc rencontrent en eux tous. »

La pensée qui semble vouloir sc faire jour dans ces propos 1. Alki.ndî /J6er de f/uiru/ue essenliiÿ. 1. Serine de h vie. j Die p/uiosop/nsc/te Udian</ùîHf/en des Jakûb ben Ishûcj Al-Kinui, eo/t IK Albino Nauy Gesc/iic/de der ZVu/osop/u’e r/es J/d/e/afiers, herausgegeben von Ch Bâumker und G. von Hertlîng, Bil. Il, Heft  : Munster, 1897), pp. 33-34b

Alfaiiabis A6/iufu£2un^en, p. 99.

DU HEM. — T. IV. 30