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LE NÉO-PLATONISME ARABE

tique à ce qu’il est par lui-même. Mais, comme nous 1 avons dit, l’existence de toute chose, hors cet Etre, est di lie rente de ce que cette chose est par elle-même. Le mode d’existence auquel correspond cette question ; Est-elle ? est un accident à ce qu’est la chose elle-même, c’est-à-dire à cela dont on demande : Qu est-elle ? Or tout accident est un effet produit dans quelque chose. — Prirdictum est autem quod esse /ci aliud esl ab eo quod ipsa est ; cl esse de quo qmeritur per : d n est ? est accideus ei quod ipsa res est, sciltcel ei de quo qiuvi’ihir per : Quid estï (hune autem accideus alicui causation est ’...

» IL est manifeste pur là que l’Etre nécessaire n est aucunement semblable aux choses qui sont hors de lui ; foute chose hors lui. en effet, esl possible ; ci en foute chose possible, l’existence est différente de ce que la chose est cil elle-même (eZ omne quod est possibile, suum esse aliud est ab eo quod ipsum est). Son existence, comme nous le dirons, est. relative à l’Etre nécessaire. » Anticipons une terminologie qui ne sera pas fixée avant Saint Thomas d’Aquin. Nous venons d’entendre Avicenne et son disciple Al Gazàli caractériser, en toute chose venue après l’Etre nécessaire, la dualité de l’essence (essentia oit quidditas) eïàcV e.ristence (esse). Par son essence, parce qu elle est en elle-même (id quod ipsa est), une telle chose est simplement possible ; à cette essence, l’existence esl conférée du dehors, à la manière d’un accident, par un agent qui fait passer cette chose de la possibilité à la nécessité. Le Livre des Causes, lui aussi, mettait une dualité dans tout ce qui suit le premier Être ; mais combien différente de la dualité que nous venons de décrire ! En toute chose après le Premier, disait le Livre des Causes a, il y a existence (esse) et forme. Mais la chose ne possédait par elle-même ni l’existence ni la forme ; ces deux éléments lui étaient conférés du dehors ; l’existence venait du premier Etre par voie de création ; par voie d’impression au sein de l’existence, la forme provenait des Intelligences subordonnées à l’Etre : c’est donc l’existence qui, selon cette théorie, jouait le rôle de sujet prêt à recevoir la forme, c’est en elle que résidait la possibilité de cette forme ; c’est elle qui devait être comparée à une matière, qui méritait le nom d hyliathis. tout au contraire, dans La théorie d’Avicenne et d’Al Gazàli, le rôle de sujet, de ■

i. Dans l’édition de ijoG, la Un de ce texte, étrangement défigurée, a pris lu ftitme suivante :

« A7 me rfe f/no guéri Sur per an est ; est accideus ei quia ipsa res es/, jci-Zû.

  • e/ ei de quo guéri tur per quod est. »

Cette édition, du reste, fourmille de fautes, 2t Liber de Causisf IX. — Voir : Ce vol., p. 3/p.