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LE NÉO-PLATONISME ARABE

traire,

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A ouïr cette description de I homme eu soi, de 1 animal en soi, les Platoniciens prétend font peut-être reconnaître 1 homme ou L’Animal idéal, distinct de tous les hommes, de tous les animaux individuellement réalisés dans le Monde sensible. Avicenne s’empressera de dissiper cette illusion :

« S’il existait un Animal en soi et séparé [du Monde sensible], comme ceux-ci l’ont cru, il ne serait pas, cependant, I animal dont nous nous enquérons et dont, nous parlons. » L’animal dont nous parlons peut être attribué à mie multitude d’êtres dont chacun est cet animal-là. L’Animal séparé, au conne peut être attribué à aucun de ces êtres, car aucun d’entre eux n est cet Animal séparé. Pour l’objet, doue, auquel nous tendons, nous n’avons que faire de cet Animal séparé. » Allons-nous, dès lors, avec Thémistius, affirmer que l’animal en soi, <pie l’essence ou quiddité de l’animal, que Vanimalité, c’est la Ibrine commune à tous les animaux ? Non pas. L’essence de l’animal s’oppose à l’animal concret cl individuel par l’absence de l’existence ; la forme universelle de l’animal s’oppose à l’animal concret et. individuel, en ce qu’au lieu d’exister dans la réalité qui nous est extérieure, elle existe seulement dans l’esprit. « Dans l’intelligence, la forme de l’animal est abstraite | de tout animal individuel | par cette abstraction que nous avons précédemment décrite ; de cette manière, l’animal est appelé forme intelligible. Mais celle forme de ranimai réside dans l’esprit de telle façon qu elle convienne, en vertu d’une seule et même définition, à une multitude d’êtres particuliers ; dans l’esprit, donc, une seule et même forme a trait à une multitude [ d’individus | et, sous ce rapport, elle est universelle ; elle est, en effet, une notion dont la composition ne change pas, quel’, pie soit celui des animaux (pie vous preniez ; quelque soit celui dont vous avez, tout d’abord, représenté la forme dans votre imagination, si votre esprit en dépouille la notion de tous les accidents, ce sera toujours de la même forme qu’il aura fait l’acquisition, Cette forme s’acquiert donc en dépouillant l’animalité de toute image individuelle reçue de la réalité extérieure ; elle n’a pas d existence extérieure, c’est notre imagination qui la forme par voie d’abstraction. » Mais si cette forme est universelle à l’égard des individus, (die est cependant individuelle à l’égard de l’âme singulière en laquelle elle est imprimée. »

La forme commune à tous les animaux a donc une existence réelle tout comme les animaux individuels auxquels elle convient. Seulement, cette existence, c’est dans l’esprit qu elle la