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LA CRUE DE L’ARISTOTÉLISME

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possède, tandis que les animaux la possèdent hors de l’esprit. L’essence, au contraire, est chose dont on ne peut dire ni qu’elle existe ni qu’elle n’existe pas. « Si quelqii un nous pose, ail sujet de Yéquimté, ce dilemme : L’eyuwn/é existc-l-elle on n’existe-t-clle pas ? Nous ne pourrons répondre que par une négation, quelque soit relie des deux questions que l’on choisisse. » Et cependant, peut-on dire que l’essence ou quiddilé soit dépourvue de toute espèce d’existence ? Avicenne la sépare de toute existence dans la nature, de tout ew nat urale ; mais il lui accorde une existence divine, un e.sse diciuiun ; par là, elle existe dans rintelligence et dans la volonté de Dieu. « L’animal pris avec ses accidents est une chose naturelle ; mais familial pris en soi est une certaine nature dont ou dit que lexistence précède l existence naturelle à la façon dont le simple précède le composé ; c’est de cette nature que l’existence est proprement appelée existence divine ; eu effet, la cause de l’existence qui lait qu’elle est l’animal, provient de l’intention de bien (qtioniam causa stti esse, ex hoc quod est animal, est Dei intentione). Quant à lcxislence avec la matière et les accidents, l’existence qui fait être tel individu, elle est, elle aussi, une intention de Dieu : mais on l’attribue à une nature particulière. »

A 1 existence réelle de l’individu, Avicenne oppose ici un mode tout nouveau d existence, l’existence essentielle des quiddités dans rintelligence divine. Nous verrons plus tard quels développements certains disciples de Duns Scot ont donné à cette pensée. Nous en avons désormais l’assurance ; en tout cire inférieur à la Cause suprême, Avicenne découvre une dualité distincte de toutes les dualités que les philosophies antérieures y avaient considérées, une dualité absolument neuve auprès des métaphysiciens, la dualité de l’essence ou quiddité et de I existence réelle ou naturelle.

Mais une définition nouvelle va transformer le langage que nous venons d’entendre : « L’être, dit Al Lazàli1, se divise en cause et elfet (causalum). Tout ce qui possède l’existence par un autre est elfet, el ce parquoi il possède l existence en est la cause ». Dès lors, Avicenne est assurément autorise à formuler la conclusion que voici3 : « De T Etre nécessaire par soi nous disons : Il u a pas de cause ; et de, l’ètrc qui est possible par soi, nous disons : Il a une cause ».

La cause n’est plus ce qui détermine, soit à l’existence en puis- 1. Philosophia Alqazhlis, lib. I, tract. I, cap. X. 2. Avicenn.k Metaphysiea, lib. II, tract. I, cap. 11.