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LA CRUE DE L’ARISTOTÉLISME

Ce principe, avec quelle rigueur Avicenne le développe ! Comme il a soin de lui soumettre tout ce qui se passe en ce Monde, jusqu à ce qui semble advenir par hasard, jusqu’aux décisions de notre volonté.

« Les décisions de notre volonté, dit-il ’, ne sont (pi après n’avoir pas été ; or toute chose dont 1 existence a été précédée de nonexistence est une chose qui a mie cause ; partant, toute décision volontaire qui sc produit en nous a une cause. La série de ces causes, d’ailleurs, ne remonte pas à l’infini [à l’inférieur de notre ;lmi‘ ; elle aboutit à certains événements qui sont arrivés du dehors ; ces événements sont terrestres ou célestes ; mais les événements terrestres proviennent des événements célestes ; la collection, donc, de tous ces effets provient d’une manière necessaire de la nécessité de la volonté divine collecliu irjilur horttm omnium proeenil neceviario ej‘ nécessitait divituv volunlali.s’p » Quant au hasard, il se produit par le concours de toutes ces choses ; lors donc que vous les aurez toutes résolues d’ime manière parfaite, elles se trouveront réduitesà des principes dont la nécessité descend de Dieu...

» Si quelqu’un des hommes pouvait connaître toutes les choses qui s’accomplissent j présentement] au ciel el sur la terre, <4 savoir quelles en sont les natures, il connaîtrait assurément quelles choses doivent arriver et comment elles arriveront. — Si autem possibtle esset alicui hominum scire omnia ea <pue fiunl in ctvlo et in terra et naturas eorum, scirel ulù/ue >/n<r et (jualiter smit fut tira. »

Si L’astrologue m’ peut, de l’inspection du mouvement des corps célestes, tirer des prédictions in failli Ides, ce n’est pas (pie son art se réclame d’un principe faux ; c’est simplement qu’il ne saurait tenir compte, en ses jugements, de la multitude des circonstances dont dépendent les événements à venir. A la lumière de son Néo-platonisme, Avicenne juge les prophéties des astrologues tout comme Sénèque les jugeait à la lumière de son Stoïcisme-, Dans cette ample doctrine qu est le Néo-platonisme arabe, nous avions choisi d’analyser trois problèmes dont liuiportancc attirait particulièrement l’attention ; les rapports de l’ûme humaine avec L Intelligence active, la procession des êtres célestes à partir de Dieu, enfin la théorie de la causalité, tels étaient ces trois proi. Avicexnæ JMt/pAy/wvz, lîh. II, tract. XT cap, I, a. Voir : Première partie, Cb. XIII, § lll ; t. II, pp. 287-288,