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LA CRUE DE L’ARISTOTÉLISME

pourquoi tic le rrpelent-ils pas de sou action créatrice ? lis croient «pie Dieu connaît dune science éternelle et immuable les choses singulières dont I existence., perpétuellement changeante, ne dure qu un temps. Pourquoi 11e croient-ils pas que son action créatrice, éternelle et immuable, peut produire un Monde non-éternel ? La contradiction entre ces deux attitudes n’est-elle pas flagrante, alors surtout que les Néo-platoniciens identifient la science de Dieu <‘l 1 opération par laquelle il donne l’existence à ce qu’il connaît ? Parmi les preuves de 1 éternité du Monde, il en est d autres qui, elles aussi, en face de deux problèmes semblables, supposent deux attitudes contradictoires de l’esprit. Cette inconséquence, Al GazAli va la relever avec précision et sagacité ; et, cette fois, son argumentation atteindra le Péripatétisme aussi bien que h1 Néo-platonisme.

A 1 affirmation que le Monde a commencé, une foule d argu monts ont coutume <1 être opposés, qui procèdent tous delà même manière ; tous, ils supposent l’équivalence de celte aflirmation : Le Monde a commencé, et de cette autre affirmation : Le premier instant de la création du Monde a été précédé par un eprtain temps. De la seconde aflirmation, ces arguments déduisent diverses conséquences inadmissibles : il pensent, par là, qu’ils ont acculé la première à l’absurde.

Après les Néo-platoniciens hellènes, en particulier après Proclus le Diadoque, Avicenne avait complaisamment développé ce genre de preuves1.

A ces raisonnements, reprenant les pensées qu’avait conçues Saint Augustin-. Al Gazâli oppose une lin de non-recevoir absolue Le temps n’est pas une chose qui ait une (existence séparée du Monde ; il n’v a que deux substances, Dieu et le Monde ; lorsque le Monde existe, le temps existe aussi ; mais avant le commencement du Monde, il n’y a pas de temps. Noire faculté d’imaginer des durées qui auraient précédé l’instant où le Monde a été créé ne prouve aucunement que ces durées soient possibles. C’est pour justifier cette dernière aflirmation qu Al Gazâli fait appel à une doctrine enseignée par Aristote mais adopter par nombre de Néo-platoniciens, notamment par Avicenne. Le Monde est de grandeur bornée ; il est enfermé dans mie surface sphérique de rayon déterminé, et cette surface ne pourrait i. Avicennæ J/e/ap/iysica, Lit). Il, tract. IX, cap, L a. Voir : Seconde partie, Ch, b Ï5 XI ; 1. 1IT pp. ■ ï. AvEiumÈs. /ne. e//., d ix-sc plié rue : Ait Algazel. /j. Voir : Première partie. Ch. 1 , § XI ; L 1, p. 202.