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AVERROÈS

veut guère s’étonner qu ’Aristote, halluciné en cette circonstance, ait professé de semblables erreurs ; il a donné bon nombre de doctrines fort inférieures à cellc-ln ; et, à ce sujet, les 11 latoniciens lui reprochent son ignorance et son manque de rectitude dans le jugement. C’est pourquoi on le laissa, longtemps de côté, gisant sous la rouille ; on ne célébrait alors (pic le seul Platon et que la doctrine platonicienne. Mais bientôt on vit émerger de la fange un barbare, un goinfre absolument stupide, cet Averroès au cerveau puaüt 61 ZïÿttÆïfZo /josZ barbants quidam^ ineplissimus lurcho^piitidique cerebri c lulo effossus Averties) ; prenant plaisir aux discussions captieuses, à l aide de sophistiques chicanes, il est parvenu à présenter un Aristote à ce point Platonicien que l’on ne connaît aucun philosopha qui le soit autant. »

Or si l’on a pu soutenir avec raison qu’Averroès n’avait pas traduit, mais trahi la véritable pensée d Aristote, c’est assurément en la théorie de Lime humaine maintes fois exposée, avec une sorte de prédilection, par le Commentateur.

« Bien qu’en notre temps, écrit, en 1516, Pierre Poinponace cette opinion soit très hautement célébrée, et (pie presque tout le inonde tienne pour constant qu elle est celle d’Aristote, il me semble, à moi, qu’elle est non seulement tout à fait fausse, mais encore inintelligible, monstrueuse et absolument étrangère à Aristote. Je dirai plus : Je ne crois pas qu Aristote ait jamais conçu ni admis une doctrine d’une telle fatuité Cette doctrine est étrangère a Aristote ; c’est une liction et un monstre qu’Averroès a imaginés. »

D’ailleurs, si la Renaissance a signalé ce que cette doctrine a d’étranger au Péripatétisme, on n’avait pas attendu jusque-là pour en signaler la complication et l’obscurité. Du ns Scot, le Docteur Subtil, écrivait déjà2 :

1. Pétri Pomconatii Mantuani Tractai wa de immortel Haie animai — Finis imposiuis est per me Peiruni filiunt Joannis Nlcuiai Poraponatii de Mantua, Die mensis Septembre MI>XV1. Bunoniæ Anno quarto Pontificatus Leon i s X. Cap 4m ■ ïn quo dicta A verroisophiîo impugnatur. (Pétri Pomponath Man-TVAm. 7rractatus acutissimi9 ef /tiers peripafetici. De intensione et remissiane Jbrfnarani ac de pundtate et magnitudine. De reaetione. De modo ugendi pritnarum quatitate/n. De hnmartttlitafe anime. Apologie libri 1res, CoNTRADîGTORis truvftdms dur !issi/iias. Drjeusùrium autoris. Approbationes rationum defensarü.per Fhatrem Chrysostdmi m 77k ?o/o^jw o/ï/tzusprerfiefl/orn ifiuinum. De nutritione et augmentât loue. — Colophon : Venetiis impressum arle el sumptibus haeredum quondam domini Octavruiii Scoli, ci vis ac patrilii Modoentiensis ; et sociorum. Anuo ab iûcarnatione dominica MDXXV cîilendis Martij. Fol* 4i, coL c.).

2. Joanxis Duns Scüti Seviplum Oj’Oniense* Lib. iV, dist. XIA11, quœsL 11 : Utruin posset esse notum par rationem ûaturalem résurrections ni gêneraient liomînuin esse futuram, Itespondeo...

DUHEBL — T. IV, 36