Page:Duhem - Le Système du Monde, tome IV.djvu/569

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
563
AVERROÈS

« La connaissance du sujet que tu m’as demandé de traiter, écrit-il, repose sur deux principes :

Le premier est la nature de l’intelligence matérielle ; c’est le fondement de toute cette question ; les désaccords entre ceux qui Font traitée proviennent, pour la plupart, de leurs divergences touchant cette nature.

» Le second principe est te mode suivant lequel F Intelligence active est la cause qui fait, de F intelligence matérielle, une intelligence eu acte ; i ! s’agit de savoir si elle est cause seulement à titre d’agent et de moteur, selon la disposition que présentent les moteurs naturels, ou bien si elle est cause à titre de forme et de tin, selon la disposition que nous rencontrons dans les moteurs, séparés de la matière, qui meuvent les Ames des corps célestes. » « Averroès, en traçant ce programme, ne parle pas de la divergence qui existe entre les philosophes touchant le rang qu’il convient d’attribuer à Flntelligence active ; en effet, dans son commentaire au IBol il n’insiste guère sur ces divergences ; toutefois, il y prononce ces paroles, qui sont bien formelles1 : « Nous sommes d’accord avec Alexandre sur la manière de poser Flntelligence active et nous sommes en désaccord avec lui sur la nature do l’intelligence matérielle ; au contraire, nous différons de Thémistius sur la nature de l’intelligence acquise et sur la manière de poser Flntelligence active. » Averroès ne consentira donc pas à réduire i Intelligence active au rôle que lui attribue Thémistius, a. n’v voir que l’essence spécifique de 1 humanité ; il la placera au rang où l’avait mise Alexandre d Aphrodisias ; dès lors, transcrivons ici les propres paroles de ce commentateur* :

« Aristote disait..,, que Flntelligence était divine et. immortelle ; c’est ainsi qu’il le faut croire, et non autrement Ou bien, à elle seule, Flntelligence ordonne les choses d’ici-bas [du Monde sublunaire | par rapport aux choses divines | aux cieux et aux astres | ; c’est elle qui combine ces choses entre elles et qui les sépare les unes des autres, en sorte que c’est elle-même qui fabrique l’intelligence ch puissance. Ou bien elle accomplit ces besognes avec l’aide du mouvement bien réglé des corps célestes. Les pp. 442-443) ;Sur l’iuvitalion même d’Averroès, c>sl aux Gra/a/ji œ/n/ftezi/rtcres sfir/e Grz/7ê de /’A me que nous avons demandé la véritable pensée de Pautear. ï. Averrois Cordcbensis /n Arisfu !ehs /ibrosde anima commentarii^ lib. (IL Bumma L cap. IIL connu. 20.

a. Alexandbi Aphrodisiensis Praetrr ronunenlaria seripta minora. De anima liber vum manhssa, —Edîdit Ivo Bruns, Berulinî. 1887. De anima librî maulissa, p* u3.