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L’ASTRONOMIE LATINE AU MOYEN ÂGE

sais qu’elles ont été dressées par les plus savants hommes de toute une vaste contrée, savoir l’Espagne et l’Arabie ; mais je veux exposer quels sont mes doutes à leur endroit, afin de pousser les autres à écrire également leurs doutes ou la façon dont ils comprennent ces tables, s’ils en ont meilleure intelligence que la mienne. »

Pour comparer les Tables Alphonsines aux mouvements célestes, notre auteur est conduit à rappeler quelles furent les déterminations récentes de l’équinoxe de printemps.

» De notre temps, écrit-il [1], certains ont trouvé une différence au sujet de l’entrée du Soleil dans le signe du Bélier. Dans un certain livre d’Astronomie qui se trouve à Paris, dans la Maison de Sorbonne, j ai lu qu’en l’année du Christ 1290, le 13 mars, on a observé que le Soleil était entré dans le Bélier avant 16 heures, ce qui s’écarte beaucoup de l’heure donnée par les Tables d’Alphonse.

» De même, en l’année 1346, quelqu’un, qui observait très soigneusement avec un grand instrument, a trouvé que le Soleil entrait dans le Bélier à une heure différente de celle qu’indiquent les tables.

» Moi aussi, j’ai fait une observation semblable ; mais il ne convient pas que je rapporte ici ce que j’ai trouvé, afin que je ne semble pas me rendre témoignage à moi-même. »

C’est dans la Maison de Sorbonne que l’auteur de la critique des Tables Alphonsines a lu la détermination de l’équinoxe de printemps faite par Guillaume de Saint-Cloud en 1290 ; cet auteur appartenait donc bien à l’École de Paris.

Geoffroi de Meaux appartenait-il également à cette École ? Cela semble probable. Toutefois, selon Tanner [2], pendant vingt ans, de 1323 à 1345, il aurait enseigné à Oxford. Nous ne saurions nous en étonner, car entre les deux Universités d’Oxford et de Paris, les échanges de professeurs étaient fréquents.

À Oxford comme à Paris, d’ailleurs, l’étude et la construction des tables astronomiques paraît avoir rencontré grande faveur. Un certain John Maudith semble surtout s être illustré, au début du XIVe siècle, en ce genre de recherches. On cite [3] de lui ;

Tabula augmenti longissimi diei… dicuntur tabulæ Maudith, factæ in Oxonia, 1310.

Tabula ascensionis signorum in circulo obliquo Oxoniæ. Oxoniæ, A. D. 1316.

  1. Ms. cit,, fol. 174, vo.
  2. Tanner, Bibliotheca Britannico-hibernica (1748) ; p. 521.
  3. M. Steinschneider, Intorno a Johannes de Lineriis (de Liveriis) e Johannes Siculus (Bullelino di Bibliografia… pubblicato da B. Boncompagni, t. XII, 1879, p. 348).