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Page:Duhem - Le Système du Monde, tome IX.djvu/174

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CHAPITRE XVII
L’ÉQUILIBRE DE LA TERRE ET DES MERS
II — LA THÉORIE PARISIENNE

I
LA PREMIÈRE THÉORIE MÉCANIQUE
DE L’ÉQUILIBRE DE LA TERRE ET DES MERS

Lorsqu’il avait voulu démontrer que l’eau se termine à une surface sphérique concentrique au Monde, lorsqu’il avait expliqué comment la terre garde son centre immobile au centre de l’Univers, Aristote avait usé d’arguments qui supposaient cette profonde pensée : C’est la pesanteur qui rend compte de la figure de la terre et des mers. De cette figure, il avait tenté de donner une théorie mécanique. Sans doute, la Mécanique du Stagirite impliquait, au sujet de la pesanteur, bon nombre de propositions qu’une Science mieux informée serait, un jour, conduite à rejeter ; mais en corrigeant et perfectionnant la méthode, elle en garderait l’idée essentielle.

La théorie mécanique de l’équilibre de la terre avait été accueillie avec faveur par les commentateurs grecs d’Aristote ; un Alexandre d’Aphrodisias, un Simplicius avaient, entre cette théorie et la doctrine du centre de gravité, construite par Archimède, fait un rapprochement qui devait être, bien des siècles plus tard, reconnu illégitime, mais qui, auparavant, donnerait des conséquences fécondes ; favorisée d’une vogue plus lente à venir, mais plus durable, la théorie mécanique de l’équilibre des mers avait reçu d’Archimède une forme plus savante, mais encore entachée d’erreur.

Cet important effort^pour rendre compte, à l’aide des seules lois de la Statique, de quelques-uns des plus grands effets de ce Monde, put sembler, cependant, n’avoir produit qu’un