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Page:Duhem - Le Système du Monde, tome IX.djvu/222

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L’ÉQUILIBRE DE LA TERRE ET DES MERS. — II

« Le centre de grandeur de la terre[1] ne coïncide pas avec le centre de gravité de ce corps ; d’un côté, la terre est plus voisine du ciel et les eaux la laissent à découvert ; de l’autre, elle est plus éloignée du ciel et recouverte par les eaux ; c’est vers ce côté que s’écoulent toutes les eaux, afin de se rapprocher du centre du Monde. »


VII
L’ÉQUILIBRE DE LA TERRE ET DES MERS
SELON THÉMON LE FILS DU JUIF


Lorsqu’Albert de Saxe adoptait l’opinion de Buridan et d’Oresme, lorsqu’il rendait compte de l’équilibre de la terre et des mers par des raisons de Mécanique, il n’ignorait pas les explications astrologiques qu’on donnait naguère de cet équilibre ; mais, assurément, il les tenait en piètre estime.

Dans une question sur le Traité du Ciel et du Monde[2], il recherche si, par delà les divers cieux mobiles, il existe quelque ciel immobile ; comme Buridan, il cite un des arguments qu’on invoquait pour établir la nécessité de cet Empyrée fixe :

« Hors ce ciel, on ne verrait pas pour quelle cause une partie de la terre est habitable plutôt que l’autre. De cet effet, on ne peut chercher la cause en quelque ciel mobile, car les mêmes parties du ciel tournent aussi bien autour du côté de la terre qui est habitable que de celui qui est inhabitable. Il en faut donc rendre raison à l’aide d’un ciel immobile dont une partie, celle qui se trouve au-dessus de nous, exerce sa domination sur le salut des animaux et des plantes, tandis que l’autre a plutôt domination sur l’amas des eaux. »

À cet argument, notre auteur répond dédaigneusement :

« On doit dire que, de toute éternité, cet ordre a été ainsi fixé par Dieu. Mais comment cet ordre peut, d’une manière naturelle, se maintenir ou changer, je le dirai plus tard, lorsque je traiterai les questions relatives au centre du Ciel et de la Terre. » Albert n’a pas cru que l’explication astrologique de l’équilibre de la terre et des mers valût la peine d’être discutée.

1. Alberti de Saxonia Quæstiones in libros de Cælo et Mnndo, lib. II, quæst. XXVIII. (Quæst. XXVI apud ed. Parisiis, 1516 et 1518.)

2. Alberti de Saxonia Quæstiones in libros de Cælo et Mundo, lib. II, quæst. VIII.

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