de tout empêchement ; il se meut donc jusqu’à ce que son centre de gravité se trouve au centre du Monde, comme l’exige la nature du grave. — Quarta conclusio est quod centrum gravitatis aggregati ex aqua et terra est in medio flrmamenti ; patet, quia taie aggregatum est corpus grave et non impeditum ; ergo movetur quousque centrum gravitatis ejus sit centrum Mundi ; consequentia tenet, quia illud est de natura gravis. — Dès lors, puisque le centre de gravité de l’agrégat formé par la terre et par l’eau est au milieu du Monde, il suit de nos remarques préliminaires que, de cet agrégat, on peut dire qu’il est au milieu du Monde. En second lieu, on voit qu’on peut dire de la terre qu’elle est située au milieu du firmament, en prenant ces mots au troisième sens, puisqu’elle fait partie d’un agrégat qui est au milieu du Monde ; et l’on en peut dire autant de l’eau. »
Pour professer une telle théorie, il faut avoir renoncé à la doctrine de la gravité habituelle, telle que l’enseignait Albert de Saxe ; cette doctrine, en effet, ne permettrait pas de dire que « l’ensemble de la partie terrestre couverte par l’eau et de l’eau qui l’entoure repousserait l’autre partie jusqu’à ce que le centre de gravité de F agrégat tout entier fût au centre du Monde. » Nous ne nous étonnerons donc point d’entendre Pierre d’Ailly rejeter cette doctrine.
« On peut, dit-il, émettre un doute. Cet agrégat de terre et d’eau, qui se trouve naturellement en repos au centre du Monde, est-il doué de gravité actuelle ? À ce doute on peut, au moins d’une manière probable, répondre par l’affirmative. On peut s’en persuader, tout d’abord, par la raison suivante : Placé hors de son lieu naturel, cet agrégat serait actuellement grave ; or, il ne perd pas cette qualité en gagnant son lieu naturel ; il demeure donc doué de gravité actuelle lorsqu’il se trouve en ce lieu. Il ne servirait à rien d’objecter que cette gravité ne tire alors ni vers le haut ni vers le bas. Il n’en est pas moins certain que la gravité actuelle demeure et qu’elle continue d’exercer actuellement son office de gravité. Voici un argument qui le prouve : Si l’agrégat formé par la terre et l’eau n’était pas actuellement grave, une petite mouche serait de force à déplacer cet agrégat ; cette conséquence est inacceptable et, cependant, elle se tire logiquement des prémisses ; la mouche, en effet, dispose, pour pousser ou tirer, d’une certaine puissance ; l’agrégat, au contraire, n’opposerait aucune résistance à cette impulsion si sa gravité n’existait pas… Il faut