Aller au contenu

Page:Duhem - Le Système du Monde, tome IX.djvu/256

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
253
LES PETITS MOUVEMENTS DE LA TERRE

nuèrent d’être regardées comme d’irrécusables témoins du séjour soit prolongé, soit momentané de la mer aux lieux où on les rencontre.

Olympiodore eut peut être plus d’influence en reprenant[1] la doctrine d’Aristote, qui expliquait les changements de configuration de la terre et des mers par la vie périodique du Monde, par la régulière alternance du Grand Été et du Grand Hiver.


IV
LA GÉOLOGIE DES ARABES.
LES FRÈRES DE LA PURETÉ ET DE LA SINCÉRITÉ


Que les continents et les océans se remplacent suivant une permutation régulière, que cette alternance soit rythmée par la période de la Grande Année, enfin que la durée de cette Grande Année soit celle de la circulation lente des étoiles fixes qu’Hipparque a découverte, que Ptolémée a évaluée et déclarée complète en trente-six mille ans, c’est, nous le savons[2], une doctrine que les Frères de la Pureté et de la Sincérité ont enseignée de la manière la plus formelle.

Or, après avoir rappelé, au commencement de leur cinquième traité[3], qu’ « en trente-six mille ans, les étoiles fixes accomplissent leur révolution complète suivant les douze signes du Zodiaque », et que là est la cause en vertu de laquelle « les plaines se changent en mers, tandis que les mers se transforment en plaines et en montagnes », ils entreprennent de décrire en détail le procédé par lequel s’accomplissent ces échanges et de dire comment les continents font place aux Océans, comment des montagnes surgissent là où la mer s’étendait. C’est, nous l’allons voir, une théorie purement neptunienne que développent nos philosophes.

« Les torrents et les fleuves, disent-ils, sont tous issus des montagnes ; c’est de là qu’ils marchent et courent vers les marais, les lacs ou les mers.

  1. Voir : Première partie, ch. V, § VII ; t. I, pp. 293-295.
  2. Voir : Première partie, ch. XII, § V ; t. II, pp. 215-220.
  3. Friedrich Dieterici, Die Naturanschauung und Naturphilosophie der Araber im X Jahrhundert. 2te Ausgabe, Leipzig, 1876. V, pp. 99-102.