lieux et en relèvent d’autres. Parfois, aussi, la mer couvre toute la terre ; alors elle arrache les parties peu résistantes tout en laissant en place les roches dures ; les parties molles qu’elle a enlevées), elle les accumule en certains points ; lorsqu’ensuite elle se retire, les parties molles accumulées par elle se dessèchent et deviennent des montagnes. »
Avicenne ou l’auteur, quel qu’il soit, de ce Traité des minéraux a commencé par déclarer que le soulèvement du sol par les tremblements de terre était la cause essentielle de la formation des montagnes ; cette doctrine plutonienne s’accordait fort bien avec les pensées que le livre Des éléments semble insinuer, et mieux encore avec l’enseignement formel du traité Du Monde attribué à Philon d’Alexandrie. Mais, après cette profession de foi en faveur de la théorie plutonienne, notre auteur s’attache presque exclusivement à l’exposé des phénomènes neptuniens ; ce ne sont, a-t-il déclaré, que des causes accidentelles de la formation des montagnes ; mais, bien qu’accidentelles, il ne tarde pas à les traiter de principales ; il reprend ainsi, sur l’érosion, des considérations fort analogues à celles qui ont été développées par les Frères de la Pureté, à celles qui ont été combattues par Théophraste, par le Pseudo-Philon, par le Liber de elementis ; dans ces considérations, il corrige seulement ce qu’il y avait de trop exclusif ; il admet, à l’origine, des soulèvements de la surface terrestre par des actions internes ; mais la mer et les rivières ont sculpté le relief actuel du sol, qu’elles aplanissent et nivellent de plus en plus.
Pour achever cette revue de ce que les Arabes ont enseigné aux Latins touchant les théories géologiques, il nous reste à rapporter quelques propos tenus par Averroès dans son Exposition moyenne des Météores d’Aristote.
« On est forcé de dire, écrit le Commentateur[1], que certains lieux ont été desséchés et sont devenus terre ferme après avoir
- ↑ Averrois Cordubensis In Aristotelis meteorologicorum libros expositio media lib. II, summa prima, capit. unicum : De mari.