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Page:Duhem - Le Système du Monde, tome IX.djvu/268

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LES PETITS MOUVEMENTS DE LA TERRE

peuvent être convertis en pierre par une certaine vertu minérale pétrifiante (virtute quadam minerali lapidificativa) qui se rencontre dans les lieux pierreux… Ce changement de nature des corps animaux ou végétaux est fort analogue à la pétrification des eaux. Il est impossible, en effet, qu’un corps complexe se convertisse, en bloc et d’un seul coup, en un élément unique ; mais les mixtes se peuvent changer l’un en l’autre et passer graduellement à l’élément dominant. »

Le second passage, plus important encore, forme comme un dernier chapitre qui a pour titre : De causa montium. En voici la traduction[1].

« Parfois, les monts sont produits par une cause essentielle ; c’est ce qui a lieu lorsqu’un violent tremblement de terre soulève le sol et engendre une montagne. Parfois, au contraire, ils sont produits accidentellement ; ainsi en est-il lorsque le vent ou quelque cours d’eau creuse profondément le sol ; auprès de l’excavation ainsi creusée, subsiste une éminence élevée ; c’est la principale cause de la formation des montagnes. Il y a, en effet, des terres qui sont molles et d’autres qui sont dures ; les vents et les cours d’eau enlèvent les terres molles, tandis que les terres dures subsistent et forment éminence. Les montagnes peuvent aussi être engendrées comme le sont les pierres ; en un certain lieu, un cours d’eau amène un dépôt vaseux et visqueux qui, à la longue, se dessèche et se transforme en pierre ; il est même possible qu’une certaine force minéralisante change les eaux en pierre. Voilà pourquoi on trouve dans les pierres des restes d’animaux et de bêtes aquatiques.

» Les montagnes se sont donc formées, très lentement, comme nous venons de le dire ; mais, aujourd’hui, elles décroissent. On trouve, en effet, dans les montagnes, des couches terreuses, qui ne sont pas formées de la substance pierreuse, dont nous venons de parler ; elles sont le résultat de l’érosion des montagnes ; elle sont une matière terreuse que les eaux ont amenée avec de la vase et des herbes… et qu’elles ont mêlée avec la boue venant de la montagne. Peut-être, aussi, l’antique limon de la mer n’était-il pas partout de même nature, en sorte que certaines parties se sont changées en pierre et d’autres non ; ce sont les parties demeurées terreuses, qui sont amollies et dissoutes par la puissance victorieuse de l’eau. » Le flux et le reflux de la mer creusent également certains

  1. F. de Mély, Op. laud., p. 188.