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Page:Duhem - Le Système du Monde, tome IX.djvu/342

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LA ROTATION DE LA TERRE

Item, par ceste voie, et non par autre, peut estre légièrement solue la question que propouse Aristote au XXIe Chapitre, ouvecques peu de addicion ; et ne convient pas mettre tant de degrez de chouses ne tèles difficultés obscures comme Aristote met en sa responce au XXIIe Chapitre.

Item, c’est chouse raisonnable que les ciels qui sont plus grans ou plus loing du centre facent leur circuite en révolution en plus de temps que ceuls qui sont moins loing du centre ; car se il les faisoient en temps équal ou mendre, leurs mouvemens seroient très isnels excessivement ; et doncques l’on diroit que nature recompense, et a ordrené que les révolucions des corps qui sont plus loing du centre soient faictes en plus grant temps.

Et pour ce, le souverain des ciels qui est meu fait son circuite ou sa révoluçion en très lonc temps, et encor est il très grandement meu pour la grandeur de son circuite.

Mes la Terre qui fait très petite circuite, si l’a tantoust fait par mouvement journal. Et les autres corps moiens entre le plus haut et le plus bas font leurs révolucions moiennement, combien que ne soit pas proporcionnelment.

Et par ceste manière, une constellation qui est vers aquillon, Major Ursa, que nous appelons le char, ne va pas à reculons, le char devant les bœufs, sicomme il yroit posé qu’il feust meu de mouvement journal, mes va par droict ordre.

Item, tous philosophes dient que pour néant est fait par plusieurs ou par plus grandes opéracions ce qui petit estre fait par moins d’opéracions ou par plus petites. Et Aristote dit au VIIIe Chapitre que Dieu et Nature ne font rien pour néant.

Or est il ainsi que si le Ciel est meu de mouvement journal, il convient mettre ès principals corps du Monde et au Ciel deux manières de mouvemens auxi comme contraire, un d’orient en occident, et les autres ecorwerso, comme souvent dit est.

Et ouvecques ce, il convient mettre une isnelté excessivement grande ; car qui bien pense et considère la hauteisce ou distance, du Ciel et la grandeur de lui et de son circuite, si tel circuite est fait en un jour, un homme ne pourroit ymaginer ne penser l’isnelté du Ciel comme elle est merveilleusement et excessivement grande, et auxi comme inoppinable et inestimable.

Et doncques, puis que tous les effez que nous voions peuvent estre fais, et toutes apparences sabiées[1], pour mettre en lieu de ce une petite opéracion, c’est assavoir le mouvement journal

  1. Sabiées = sauvées.