celui de l’air ; de même » si l’air était entraîné par un grand vent, une flèche, [tirée dans une direction normale au vent], ne serait pas latéralement déviée par un mouvement égal à celui du vent, encore qu’elle éprouve avec une certaine déviation. »
La réplique que Buridan adresse à Nicole Oresme définit clairement une proposition erronée qui gênera fort longtemps, les progrès de la Dynamique. Insistons, afin de montrer en quoi la doctrine ici reçue par le physicien picard diffère de celle qui nous est maintenant coutumière.
Deux causes de mouvement agissent sur un mobile. Si la première exerçait seule son action, elle communiquerait au mobile une certaine vitesse dans une certaine direction. De même, la seconde, opérant isolément, communiquerait au mobile une autre vitesse dans une autre direction. Si les deux causes de mouvement agissent ensemble, elles communiquent au mobile une troisième vitesse.
La Mécanique moderne admet que la troisième vitesse est la diagonale du parallélogramme construite sur les deux premières. Ce n’est pas ce que Buridan, ce que beaucoup de ses successeurs croyaient exact ; à leur gré, chacun des deux mouvements partiels était gêné par la coexistence de l’autre mouvement : aussi, pour obtenir la vitesse résultante, ne fallait-il pas composer entre elles, suivant la règle du parallélogramme, les deux vitesses qui auraient été, séparément l’une de l’autre, communiquées au mobile ; c’étaient deux vitesses respectivement plus petites que celles-là, qui devaient, en se composant, donner la vitesse résultante.
C’est au nom de ce principe que Buridan déclare insuffisante l’explication, proposée par Oresme, du mouvement relatif d’un projectile par rapport à la terre. Ce que chacun des deux adversaires a dit au sujet de cette question nous fait mesurer la grandeur du progrès que la Mécanique devra parfaire encore avant d’être en mesure de traiter correctement ce problème ; le résoudre sera l’honneur de Galilée, de Torricelli, de Pierre Gassendi.
La réplique que nous venons d’analyser représente tout ce que Buridan a trouvé jusqu’ici pour réfuter Oresme. Aux « expériences » qu’il vient d’invoquer, et dont la dernière seule lui a semblé quelque peu démonstrative, il adjoindra maintenant des « raisons probables ».
« La première est celle-ci : La terre a droit, par nature, au mouvement vers le bas ; elle n’a donc pas droit au mouvement