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Page:Duhem - Le Système du Monde, tome IX.djvu/52

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LA THÉORIE DES MARÉES

de la terre qui leur sont voisines, puis elles se retirent de ces parties ; c’est ce retrait que les habitants des côtes nomment reflux ; mais ce nom est impropre, car les eaux ne retournent pas du tout à l’endroit d’où elles sont venues ; elles marchent, à vrai dire, vers le lieu où, comme nous l’avons vu, le Soleil produit l’évaporation des eaux.

» On voit ainsi, d’une façon manifeste, comment se font le flux et le reflux. »

Reste à résoudre le grand problème qui, avant notre auteur, a tant embarrassé les physiciens : Pourquoi, chaque jour et en chaque lieu, y a-t-il deux flux et deux reflux ?

« On voit aussi, dit-il[1], pourquoi cet effet se doit produire deux fois par jour naturel.

» Chaque jour, le Soleil se lève une fois sur la partie de la mer qui se trouve à l’est de notre habitation et y produit l’effet que nous avons dit ; une fois aussi il fait exactement la même chose sur la partie de la mer qui se trouve à l’ouest. Ainsi que l’efficace du Soleil s’est comportée à l’égard de chacune de ces deux parties, de même la vertu de la Lune n’omettra nullement de s’exercer sur chacune d’elle. Partout, dans la durée d’un jour naturel à peu près, il devra se produire deux flux et deux reflux. »

Notre auteur n’insiste pas davantage ; il est clair que plus de précision tirerait de sa théorie une conséquence contraire à celle qu’il prétend établir ; on verrait bien qu’il doit se produire deux flux par jour ; mais on verrait aussi qu’un de ces flux a lieu dans l’Océan qui se trouve à l’ouest de Paris, et l’autre dans l’Océan qui se trouve à l’est ; on n’expliquerait aucunement comment, chaque jour, chacun des deux Océans est le siège de deux flux.

Tout en prétendant expliquer l’existence, pour chaque Océan, de deux flux quotidiens, notre auteur admet qu’un de ces flux doit être plus faible que l’autre.

« Pendant la durée d’un jour naturel à peu près, écrit-il[2], il se produit deux flux ; mais à ceux qui sont riverains d’une zone de l’Océan et non de l’autre, à ceux, par exemple qui sont riverains de la zone située à l’ouest de notre habitation et non de la zone orientale, le flux qui est engendré à la surface de la mer voisine advienne plus puissant que le flux engendré

  1. Ms. cit., fol. 258, col. d.
  2. Ms. cit., fol. 259, col. b.