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Page:Duhem - Le Système du Monde, tome IX.djvu/68

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LA THÉORIE DES MARÉES

pas de graisse, et il en est ainsi de mois en mois. De même, les huîtres et les autres coquillages sont plus gros et meilleurs à la pleine lune et à la nouvelle lune, surtout à la pleine lune, qu’ils ne le sont aux quadratures.

» De cette première conclusion découle la seconde : Il est raisonnable que la mer éprouve une certaine augmentation et qu’elle enfle selon les circonstances qui renforcent la Lune, car elle est au nombre des corps humides.

» Vient alors la troisième conclusion : Il est raisonnable que la mer déborde dans les circonstances qui renforcent la Lune, et qu’elle reflue en elle-même lorsque ces circonstances font défaut…

» Quatrième conclusion : Il est raisonnable que le flux ait lieu lorsque la Lune passe au méridien diurne ou au méridien nocturne, et que le reflux se produise quand elle atteint l’Orient ou l’Occident. C’est en ces quatre positions, en effet, que tout astre errant acquiert pour un lieu déterminé de la terre [ou de la mer], sa plus grande [ou sa moindre] force. La force de cet astre est maximum sur un lieu déterminé lorsqu’il passe au méridien diurne de ce lieu, car il le regarde alors directement. Après la force qu’il acquiert, en cette position, l’astre errant prend sa force la plus grande quand il passe au méridien nocturne, c’est-à-dire au point opposé à celui qu’il a occupé sur le méridien diurne ; Ja cause en est, je pense, que l’astre errant regarde directement alors les étoiles qui se trouvent au méridien [diurne] du lieu considéré, car elles lui sont, à lui-même, directement opposées ; ces étoiles réfléchissent vers le lieu considéré l’influence de cet astre errant. On voit que ces causes de renfort font défaut lorsque l’astre errant est à l’Orient ou à l’Occident du lieu considéré.

» Cette quatrième conclusion se trouve confirmée en même temps que les trois premières, car elles sont d’accord avec les quatre premières lois expérimentales rapportées ci-dessus* et de ces lois, on ne saurait assigner aucune autre cause raisonnable. »

Toutefois, cette théorie que Buridan préfère à toutes les autres, se heurte à de nombreuses objections qu’il se plaît à énumérer et à résoudre.

Voici, par exemple, une question douteuse : « Ce gonflement de la mer, est-ce par sa lumière que la Lune le produit ou par quelque autre vertu ? »