Aller au contenu

Page:Duhem - Le Système du Monde, tome V.djvu/109

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
103
LA KABBALE

lumière procède de la Sagesse et du Verbe, du Père et de la Mère célestes. Aussi notre texte poursuit-il en ces termes :

« L’Écriture ajoute : « Que la Lumière soit (ïehi er) » car toute lumière procède du mystère du Verbe. Le mot : ïehi se compose de trois lettres, un yod au commencement et à la fin, et un au milieu. Ce mot est le symbole du Père et de la Mère célestes, désigués par les lettres yod et , et de la troisième essence divine, qui procède des deux précédentes et qui est désignée par le dernier yod du mot : ïehi ; cette lettre est identique à la première, pour nous indiquer que toutes les trois hypostases ne sont qu’une. Le Père, désigné par le premier yod, est le dispensateur de toutes les lumières célestes. Lorsque la matérialisation du vide fut opérée par le son du Verbe, désigné par , la Lumière céleste se cacha, étant incompatible avec la matière. Quand le Verbe se manifesta, il s’unit au Père pour la dispensation de la Lumière qui, incompatible avec la matière tant qu’elle procédait du Père seulement, devint accessible à la matière dès qu’elle procéda du Père et du Verbe. Le premier yod du mot ïehi désigne le Père ; le dernier yod désigne la Lumière céleste ; ce yod fut placé après le , parce que, pour que la Lumière céleste qu’il désigne devint accessible à la matière, il a fallu qu’elle procédât du Père et du Verbe, du premier yod et du .

» Comme les trois points-voyelles désignent également les trois hypostases divines, le holem désignant le Père, le soureq le Verbe et le hireq, la Lumière céleste, il s’ensuit que cette dernière hypostase procède des deux premières avec lesquelles elle n’en forme qu’une. C’est pourquoi le mot or est pourvu du point-voyelle holem, point suspendu au dessus de la lettre sans la toucher, afin de nous indiquer que la lumière procédant du Père, symbolisé par le point-vovelle holem, ayant été inaccessible à la matière, il a fallu qu’elle procédât du Père et du Verbe. »

Ce passage, assurément, reflète la formule : Qui ex Patre Filioque procedit, du Credo ; il est donc de date assez récente, encore que, dès le Ve siècle, les églises d’Espagne aient accoutumé d’énoncer cette formule.

Cette doctrine où, du Mystérieux, nous voyons sortir successivement la Pensée, le Verbe, enfin la Lumière capable de se manifester dans la création, cette doctrine, disons-nous, paraît avoir subi la même contraction que celle où l’Ancien émettait