Ce rapprochement se joint à plusieurs autres qu’on peut faire entre les doctrines de l’Érigène et celles du Zohar ; il est permis de soupçonner chez les rabbins qui ont rédigé ce livre, comme nous l’avons soupçonnée chez Avicébron, une certaine connaissance, directe ou indirecte, des pensées du Philosophe chrétien.
Mais sans insister plus longtemps à ce sujet, revenons à la description que la Kabbale nous donne de la descente des âmes humaines en ce monde.
« Ces âmes[1] descendent donc en bas pêle-mêle, les âmes mâles et les âmes femelles ensemble. Au moment du mariage, il faut que les âmes se retrouvent : chaque âme mâle doit retrouver l’âme femelle qui était sa compagne avant sa descente sur la terre. »
Les deux âmes se séparent en entrant dans le Paradis terrestre où chacune va s’unir à un esprit rationnel (rouah).
Ce Paradis, en effet, « est le séjour des esprits saints[2], aussi bien de ceux qui viennent en ce monde que de ceux qui n’y viennent pas.
» Les esprits destinés à descendre et à venir un jour en ce monde sont revêtus de corps et ont des visages semblables à ceux des corps qu’ils sont destinés à animer plus tard. Ces esprits-là restent là et contemplent la gloire de leur Maître jusqu’à leur venue dans ce Monde. »
« Les âmes[3], aussi bien celles qui ont été déjà revêtues d’un corps que celles qui sont destinées à l’être, sont présentes dans le Paradis terrestre ; toutes ont une forme semblable à celle des corps quelles animaient ou quelles doivent animer, sur la terre… L’âme qui anime le corps… prend l’empreinte du corps ; la forme du corps, tant que l’homme vit ici-bas, constitue les traits en relief, alors que la forme de l’âme constitue les traits en creux. Mais quand l’âme est séparée du corps, ses traits, qui étaient auparavant en creux, se transforment en relief, en sorte que sa forme est exactement semblable à celle du corps qu’elle avait animé ici-bas et qui exerçait sur elle l’effet d’un cachet. »
Comment devons-nous concevoir ce « corps du Paradis[4] dont 1’esprit était revêtu avant sa venue dans ce monde » ?
« Dans ce Paradis[5] existent toutes les images des êtres d’en