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Page:Duhem - Le Système du Monde, tome V.djvu/277

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GUILLAUME, ALEXANDRE, ROBERT

ques[1] chaque chose se comporte à l’égard de la vérité comme à l’égard de l’existence. » Toutefois, de cette Métaphysique, l’Évêque de Paris ne possédait certainement que les dix premiers livres traduits par Jean de Luna et Dominique Gondisalvi. Que les livres suivants et, en particulier, le onzième, lui soient demeurés inconnus, on le peut conclure indirectement des théories si peu péripatéticiennes qu’il prête au Stagirite sur les Intelligences et les Âmes des cieux ; mais on le peut conclure mieux encore et plus directement du passage suivant[2] : « Aristote a supposé qu’il y avait dix Intelligences ou plus de dix, s’il en doit exister plus de dix ; dans sa Métaphysique, en effet, il a dit que le nombre des Intelligences qui meuvent les corps célestes était égal au nombre des mouvements célestes ; mais il n’a déclaré le nombre des mouvements célestes en aucun traité qui me soit parvenu. » Guillaume n’avait donc assurément aucune connaissance du chapitre où Aristote cherche à déterminer quel est ce nombre selon les vues d’Eudoxe et de Calippe et selon la modification qu’il y a lui-même apportée. On peut se demander, il est vrai, comment Guillaume savait qu’Aristote compte les Intelligences par les mouvements célestes, s’il n’avait pas vu d’écrit où Aristote compte les mouvements célestes, puisque ces deux objets correspondent à deux chapitres consécutifs de la Métaphysique ; mais on peut penser que le premier renseignement lui-même ne venait pas d’Aristote ; Avicenne[3] avait pu le fournir.

Les divers auteurs arabes dont l’Évêque de Paris discute les doctrines sont, eux aussi, expressément désignés au cours du De Universo.

Nous avons déjà rencontré le nom d’Al Fârâbi associé à celui d’Avicenne ; on le rencontre, ailleurs encore, associé à celui d’Aristote[4]. Le nom d’Avicenne se retrouve souvent, sous la plume de Guillaume ; il est joint à des opinions extraites de la Métaphysique de cet auteur ; cette Métaphysique elle-même se trouve expressément désignée sous le titre de Prima philosophia[5]. Al Gâzâli est nommé[6] comme le principal défenseur de cette

  1. Aristotelis Metaphysica liber I minor, cap. I (Aristotelis Opera éd. Didot. t. II, p. 486 ; éd. Becker, vol. II, p. 993, col. b).
  2. Guillermi Parisiensis Episcopi De Universo prima pars principales, pars I ; éd. 1516, pars II. tract. I, cap. VI, t. II, fol. CXXXVIII, col. b ; éd. 1674, pars II, cap. V, fol. 650. col a.
  3. Avicennæ Metaphysica, lib. II, tract. IX, cap. III.
  4. Guillermi Parisiensis Episcopi De Universo prima pars principales, pars I ; cap. XI ; éd. 1516, t. II, fol. CCI, col. b ; éd. 1674, p. 771, col a.
  5. Guillermi Parisiensis Episcopi De Legibus, éd. 1516, cap. XVIII, t. I, fol. XXVII, col. b ; éd. 1674, cap. XIX, p. 52, col. b.
  6. Guillermi Parisiensis Episcopi De Universo prima pars principales, pars I ; cap. IX ; éd. 1516, t. I, fol. CC, col. d ; éd. 1674, p. 770, col a.