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Page:Duhem - Le Système du Monde, tome VI.djvu/15

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en plaçant la rédaction avant la mort de Saint Thomas d’Aquin, , c’est-à-dire avant 1274, et après 1260. »

« C’est dans le milieu dominicain espagnol[1], préoccupé de combattre l’Arabisme, qu il faut, croyons-nous, chercher l’auteur du I)e erroribus philosophorum. Le nom de Raymond Martin se présenterait de lui-même pour être attaché à cette composition, si quelques difficultés de détail ne paraissaient s’y opposer ; et nous ne pouvons, pour ne pas nous attarder outre mesure, les aborder ici. »

Quoi qu’il en soit de ces conjectures sur la date et l’auteur du Tractatus de erroribus philosophorum, il semble bien que nous puissions regarder cet écrit comme le témoignage de l’état d’esprit de quelque contemporain de Thomas d’Aquin et de Siger de Brabant. Gomme ceux-ci, notre auteur a étudié avec attention ceux que Guillaume d’Auvergne nommait : Aristoteles et ejus sequaces ; il n’entend pas, comme Siger, présenter les doctrines de ces philosophes sans se soucier de ce que la foi enseigne ; il n’entend pas davantage choisir, comme Thomas, ce par quoi ces doctrines se peuvent concilier avec la foi ; il veut marquer avec prudence, mais avec fermeté, ce en quoi elles sont incompatibles avec la foi.

« Conformément au titre[2], le traité nous présente une collection d’erreurs tirées des écrits d’Aristote, d’Averroès, d’Avicenne, d’Algazel, d’Alkindi et de Moïse Maïmonide. L’auteur consacre à chaque personnage deux chapitres : Un premier, où il expose, avec une certaine ampleur, les erreurs avec indication des ouvrages d’où elles sont tirées ; puis un second, où les mêmes erreurs sont formulées beaucoup plus succinctement. Ce procédé, qui semble bien être dû à l’auteur lui-même, a manifestement pour but. de rendre plus faciles l’intelligence et la mémoire du conte nu. Un chapitre de quelques lignes, le IIIe, est, en outre consacré à montrer le point de départ des erreurs d Aristote ; et un autre, le dernier, constitue une sorte de conclusion, sous forme de prière, ce qui rappelle le procédé d Albert le Grand dans son commentaire des Sentences. L’ouvrage comprend ainsi un total de quatorze chapitres d’inégale longueur.

» Remarquons, tout d’abord, que les six philosophes cités appartiennent, l’un à la Grèce, quatre au monde arabe et un à la pensée juive médiévale. Ces six noms sont incontestablement au

1. P. Mandonnet, loc. cit., pp. XXVIII-XXIX.

2. P. Mandonnet, loc. cit., pp. XV-XVIII.

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