du Soleil], serait naturellement apte à recevoir la forme du Soleil. Si, au contraire, en ces divers corps, la matière était d’espèces différentes, ce qui serait d’ailleurs déraissonnable et absurde, du moins la matière serait-elle de même espèce dans les diverses parties d’un même corps homogène, et l’on retrouverait alors l’inconvénient que nous avons signalé.
» Quatrièmement. Le ciel serait véritablement corruptible. Partout, en effet, où se rencontre la privation physique, on trouve la corruption ou, du moins, une chose qui en est susceptible. Or c’est ce qui aurait lieu ici.
» Cela est évident si la matière est de même espèce [dans tous les corps tant élémentaires que célestes]. Par privation physique, en effet, on entend non seulement le manque de forme, mais encore l’aptitude à telle autre forme ; ainsi en serait-il du soleil par comparaison avec le feu ; en effet, comme [la matière du soleil] est de même espèce [que la matière] du feu, elle est apte à recevoir une forme de même espèce ; et elle en est privée.
» Lors même que [la matière des corps célestes] ne serait pas de même espèce [que la matière élémentaire], du moins serais-je assuré que le Ciel est, de soi, corruptible, encore qu’il n existât rien qui le put corrompre. Ainsi en serait-il s’il n’y avait au monde que de l’eau. » On ne rencontrerait aucun corps capable de corrompre l’eau ; cependant, par elle-même, l’eau serait susceptible de corruption.
Ces quatre arguments entraînent l’adhésion de François de Meyronnes. « Je dis que le ciel est un sujet simple, support des accidents. » Il ne va pas, cependant, aussi loin que Jean de Bassols : « Ce n’est pas une forme ; c’est seulement un certain sujet. »
Duns Scot connaissait, lui aussi, les arguments qui viennent d’être énumérés ; il reconnaissait la valeur démonstrative que leur devait accorder la philosophie péripatéticienne ; mais de cette philosophie, il faisait bon marché lorsqu’elle contredisait 1 enseignement de l’Écriture et des Pères ; or c’est ce qui a lieu ici, car cet enseignement affirme que le ciel et la terre ont été tirés d’un même tohou-va-bohou.
François de Meyronnes n’ignore pas cette contradiction : « Le Maître des Sentences, écrit-il, admet que les cicux ont été créés au moyen de la matière première. » À cette objection, il répond en ces termes : « Si cette création a été faite par transsubstantiation, il n’y a point de difficulté. Mais ce n’est point là ce que les saints ont l’intention d’enseigner ; ce qu’ils entendent dire, c’est qu’au