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LA PHYSIQUE PARISIENNE AU XIVe SIÈCLE

La première de ces questions est ainsi libellée[1] : Dubitatur adhuc de continuatione motus projectionis et videtur quod motus iste non possit continuari a medio.

Après l’énumération de diverses objections, notre auteur écrit :

« La continuation de ce mouvement vient du milieu, et non du premier instrument de jet.

» Toutefois, il y a, à cet égard, deux thèses différentes.

» Selon la première thèse, lorsque l’instrument de jet a cessé son action, le projectile divise les parties du milieu ; ces parties divisées sont impétueusement rejetées en arrière (reinclinantes) à la partie postérieure du projectile ; elles peuvent alors, l’une après l’autre, continuer de le mouvoir.

» La seconde thèse prend que le milieu est fluide et ne se termine pas de lui-même par une surface bien définie (male terminabile proprio termino) ; aussi retient-il tout mouvement produit en lui et le cède-t-il aux autres corps ; c’est ainsi qu’il meut le projectile par un mouvement qu’il retient en vertu de sa nature propre, parce qu’il est fluide. »

Cette dernière supposition se trouve, d’ailleurs, tout aussitôt explicitée par ce qui suit :

« Il y a deux sortes de moteurs et de mobiles.

» Il y en a qui sont terminés [d’eux-mêmes par une surface rigide]. Pour ceux-là, il est vrai de dire que tous s’arrêtent quand le premier moteur s’arrête.

» Il en est qui sont fluides et non terminés ; pour ceux-là, il n’est plus nécessaire qu’il en soit ainsi ; comme ils sont fluides, ils peuvent, par nature, retenir le mouvement et le céder à autrui. Tels sont les milieux, l’eau et l’air, au travers desquels se meuvent les projectiles. »

Bacon montre, d’ailleurs, que chacune des deux thèses est propre à résoudre les diverses objections qu’il avait, tout d’abord présentées.

Reste à choisir entre ces deux thèses ; c’est à quoi Bacon consacre ces deux dernières questions.

La première de ces questions examine la théorie qui attribue la continuation, l’entretien du mouvement des projectiles au retour en arrière (reinclinatio) des parties de l’air qui ont été divisées.

  1. Ms. cit., loc. cit.