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LA PHYSIQUE PARISIENNE AU XIVe SIÈCLE

» En effet, le mouvement ne meut la pierre qui tombe ni par pression (pulsus) ni par traction (vectio) ni par rotation (vertigo) ; partant, puisqu’il est moteur extrinsèque, il ne le meut d’aucune façon ; ce raisonnement conclut évidemment par ce qui est dit au septième livre du présent ouvrage, dans le texte du commentaire 10.

» Peut-être dira-t-on que la pierre est poussée vers le bas par l’air qui la surmonte ou qui l’entoure. Mais, qu’on place cette pierre au sein d’un milieu plus léger que pesant ; elle tomberait encore ; il ne semble pas, cependant, qu’un tel milieu la pousse vers le bas…

» La nature est lè principe moteur de ce en quoi elle réside tout d’abord, comme on le voit par le texte du commentaire 3, au second livre du présent ouvrage. C’est donc la forme du corps grave ou léger qui, tout d’abord, meut le corps tout entier ou qui en meut’la matière ; ce n’est pas le milieu. »

À Paris, la singulière pensée d’Averroès n’a pu trouver aucun crédit.


VII
François de Meyronnes nie le repos intermédiaire. —
Nicolas Bonet et Grégoire de Rimini révoquent en doute
toutes les explications, données jusqu’alors, de la chute accélérée des graves


Le courant des pensées émises, au début du xivô siècle, au sujet de la chute accélérée des graves, roule une importante vérité pêle-mêle avec plusieurs erreurs. Mais voici que deux des penseurs les plus audacieux de l’ordre franciscain, François de Meyronnes et Nicolas Bonet, vont signaler ces erreurs.

C’est à la supposition péripatéticienne du repos intermédiaire entre l’ascension et la chute d’un projectile que s’attaque François de Meyronnes ; à la combattre, il consacre toute une question de son commentaire aux Sentences

1. Preclarissima ac multum subtilia egregiaque Scrîpta illuminati doc. F. Francisci de Mayronis ordinis Minorum in quatuor libros sententlarum… Colophon : Venetijs Impensa Heredum quondam domini Octaviani Scoti Modoetiensis : Ac Sociorum. 24 April. 1520. Lib. Il, dist. XIV ; quæst. VIII : Utrum inter duos motus contrarios intercidat necessario quies. Fol. 151 col. c. et d.