Page:Duhem - Le Système du Monde, tome VIII.djvu/358

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
355
L’ASTROLOGIE CHRÉTIENNE

hommes et dans la venne des évènements futurs, cela se peut entendre de deux manières ; ou bien on peut entendre qu’ils sont causes nécessaires et suffisantes ; ou bien on peut entendre qu’ils sont seulement causes prédisposantes et contingentes. « Si on l’entend de la première manière, il est faux [qu’ils soient causes des mœurs des hommes et des évènements futurs] ; il y a plus ; c’est une opinion hérétique et diabolique ; elle répugne à la fois à la Religion chrétienne, au témoignage du sens et à la raison…

» Si l’on dit, au contraire, que les diverses configurations des astres changent les mœurs des hommes, mais d’une manière contingeante et par les dispositions qu’elles produisent, cette affirmation peut contenir une vérité qui ne répugne ni à la foi ni à la raison ; il est évident, en effet, que les changements dans la disposition du corps font beaucoup pour les variations qu’éprouvent les affections et les mœurs de l’âme ; car, la plupart du temps, l’âme imite la complexion du corps. »


II
Les théologiens du xiiie siècle et l’Astrologie (suite)
Saint Thomas d’Aquin


La doctrine qu’Alexandre de Alès, Albert le Grand, Saint Bonaventure ont esquissée touchant l’Astrologie a été amplement développée par Saint Thomas d’Aquin. Au perfectionnement de cette doctrine, le Doctor communis revient dans nombre d’ouvrages ; il en est un, en particulier, où elle est présentée sous forme d’un système coordonné, dont toutes les parties sont exactement reliées les unes aux autres ; c’est la Somme contre les Gentils[1] ; c’est donc à cet ouvrage que nous demanderons le plan suivant lequel il nous la faut disposer, quittes à enrichir notre analyse de maint détail emprunté aux autres écrits de Thomas d’Aquin[2].

1. Sancti Thomæ Aquinatis Summa contra Gentiles, lib. III, capp. LXXXII ad XCIII.

2. Nous nous garderons soigneusement de rien emprunter à l’opuscule intitulé : De fato, car cet opuscule est apocryphe (P. Mandonnet, Des écrits authentiques de Saint Thomas d’Aquin, Extrait de la Revue Thomiste, 1909-1910, p. 130 du tirage à part). Le ms. no 238 de la Bibliothèque Sainte-Geneviève l’intitule : De fato secundum Albertum.

  1. 1
  2. 2