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LA PHYSIQUE PARISIENNE AU XIVe SIÈCLE

l’action des corps célestes y coopère également comme prédisposante ; en effet, les impressions corporelles produites par les corps célestes dans notre corps nous disposent à faire certains choix.

» Quand donc un homme, par l’impression des corps célestes et des causes supérieures, se trouve, de la manière qui vient d’être dite, incliné à prendre quelque détermination qui lui sera utile et dont, cependant, il ignore l’contraire, une mauvaise fortune quand les causes supérieures l’inclinent à choisir quelque chose qui lui doit être fâcheux.

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» Il est un point à considérer : Les impressions que les corps célestes font en notre corps y sont causes de certaines dispositions naturelles ; aussi, en vertu de la disposition que le corps céleste a laissée dans son propre corps, un homme n’est pas seulement dit objet d’une bonne ou d’une mauvaise fortune ; il est dit bien né ou mal né…

» Il est un autre point à considérer. Le corps céleste ne nous dispose à faire tel ou tel choix qu’en produisant dans notre corps des impressions qui nous incitent à choisir à la façon dont les passions nous poussent à prendre une détermination ; partant, la disposition qui provient, en nous, des corps célestes y est sous la forme d’une passion ; ainsi en est-il quand la haine, l’amour, la colère ou quelque sentiment analogue nous induit à faire un certain choix…

» Les événements fortuits sont ceux qui nous adviennent sans que nous en ayons l’intention ; or les biens de l’ordre moral ne peuvent exister en l’absence d’intention, car c’est dans l’intention même qu’ils consistent ; à l’égard de ces biens, donc, un homme ne peut être l’objet d’une bonne ou d’une mauvaise fortune. Mais sous le rapport de ces biens, un homme peut être bien né ou mal né, parce que la disposition naturelle de son corps le rend apte à choisir ce qui est vertueux ou ce qui est vicieux. Au contraire, à l’égard des biens extérieurs qui peuvent advenir à un homme sans qu’il ait eu l’intention de les acquérir, on peut dire d’un homme qu’il est l’objet d’une bonne fortune, et qu’il est bien né, et qu’il est gardé par les anges, et qu’il est gouverné par Dieu.

» Des causes supérieures, l’homme peut encore recevoir un secours d’un autre genre touchant l’issue de ses actions.

» L’homme, en effet, n’a pas seulement à prendre une déter-