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LE VIDE ET LE MOUVEMENT DANS LE VIDE

ment unique, a été si bien lié au sort de cette autre proposition : Le vide est impossible, que l’anathème qui va condamner la première frappera, par contre-coup, la seconde.


IV

Les condamnations de 1277 et la possibilité du vide


L’impossibilité du vide était, par nombre d’auteurs — tel Robert Grosse-Teste — tenue pour un axiome dont la négation impliquait contradiction. Cet axiome leur semblait propre à servir de majeure à des déductions d’une absolue rigueur ; ainsi l’avons-nous vu" employé à la démonstration de cette proposition : Il ne peut y avoir plusieurs mondes.

Dieu ne peut faire ce qui est contradictoire ; il ne peut donc faire un espace vide ; partant, tout effet qui entraînerait nécessairement la production d’un espace vide est interdit même à la toute-puissance de Dieu. Ainsi raisonnaient assurément les auteurs, inconnus de nous, qui avaient formulé cette proposition : Dieu ne pourrait donner à 1*Univers entier un mouvement de translation, car le Monde laisserait le vide derrière lui.

En 1277, Étienne Tempier condamna cette proposition, en même temps qu’il frappa d’anathème cette autre affirmation : Dieu ne pourrait créer plusieurs mondes. Obligés de regarder ces deux thèses pour erronées, plusieurs docteurs de Paris crurent qu’ils leur fallait tenir la production du vide pour chose possible, du moins à l’égard de la toute-puissance de Dieu.


A. Gode froid de Fontaines


Il en est, toutefois, qui, en leurs lectures sur les Sentences ou en leurs discussions quodlibétiques, tout en accordant que Dieu pouvait créer plusieurs mondes, s’efforçaient de sauvegarder leur croyance en l’impossibilité du vide. De ce nombre était Godefroid de Fontaines.