Page:Duhem - Le Système du Monde, tome VIII.djvu/426

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
423
L’ASTROLOGIE CHRÉTIENNE

laient ont soigneusement tenu, à l’égard de l’Astrologie, la conduite qu’autorisaient les Pères de l’Église, que depuis Guillaume d’Auvergne, depuis Pierre Abailard, les docteurs chrétiens avaient unanimement recommandée ; ils traçent à l’Astrologie une limite très nette au delà de laquelle elle deviendrait hérétique et criminelle ; puis, en deçà de cette limite, ils lui laissent le champ libre.


IX
L’Astrolgie a Paris après les condamnations de 1277.
Pierre d’Auvergne. — Gilles de Rome. — Les élèves de Duns Scot


Nombre des articles condamnés par Etienne Tempier formulaient soit des axiomes, soit des conséquences essentielles du Péripatétisme ou du Néo-platonisme arabe. Aussi, les décisions de 1277 ont-elles imposé, à plusieurs théories philosophiques, un brusque changement de direction. Nous avons vu comment elles avaient contraint quelques-unes des doctrines les plus importantes de la Physique a rejeter les faux principes qu’elles tenaient d’Aristote et à construire, sur d’autres bases, un édifice nouveau.

Touchant l’Astrologie, le décret d’Etienne Tempier ne faisait que confirmer l’enseignement unanime des Docteurs chrétiens ; il ne pouvait donc imposer, à cet enseignement, aucun changement de direction ; touchant donc, l’action que les astres exercent sur les choses d’ici-bas, on professera à Paris, après 1277, ce qu’on professait avant cette date ; pourvu qu’on n’attribue pas à cette action le pouvoir de contraindre la liberté de l’homme, on restera maître de lui attribuer tous les effets qu’on voudra.

Pierre d’Auvergne est un fidèle disciple de Saint Thomas d’Aquin ; on lui a confié la mission d’achever les leçons sur le De Cælo que son maître avait laissées incomplètes. Il croit à l’Astrologie et en formule le principe avec une grande netteté.

Cette formule se trouve dans le volumineux commentaire composé par Pierre d’Auvergne sur les Météores d’Aristote. Au Moyen-Âge, ce commentaire eut grande vogue et grande autorité ; il en existe de nombreuses copies manuscrites ; celle