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LA PHYSIQUE PARISIENNE AU XIVe SIÈCLE

composé par Jean de Duns Scot, la XIVe distinction donne lieu à une importante question, la troisième, où l’on traite des actions des astres sur les choses de ce bas monde. Mais, en marge de cette question, Maurice du Port a écrit : [1] « Depuis cette question inclusivement, jusqu’à la XXVIe distinction excluivement, il n’y a communément rien dans le Scriptum anglicum ; tout cela a été ajouté d’après des reportata, au gré de certaines personnes. »

Il nous faudrait donc garder d’attribuer à Duns Scot ce que contient cette question, inconnue au Scriptum Oxoniense. Du moins pouvons-nous, avec une grande vraisemblance, y voir la pensée des premiers disciples du Docteur Subtil.

Selon cette pensée, les étoiles exercent ici-bas leur action, en premier lieu, sur les éléments ; en second lieu sur les mixtes inanimés ; en troisième lieu, sur les êtres animés privés de raison.

Comme exemple d’action exercée par les astres sur les éléments, le Pseudo-Duns Scot étudie l’influence de la Lune sur la marée ; nous retrouverons dans un autre chapitre ce qu’il dit à ce sujet.

L’action des astres sur les mixtes se marque par leurs effets météorologiques. À ce propos, l’auteur formule une réflexion qui mérite de nous retenir un instant[2].

« Mais, direz-vous, si les astres et leurs orbes exercent une telle causalité sur les choses de ce monde-ci, causalité qui est déterminée et nécessaire, d’où vient donc que les astrologues ne jugent point de leurs effets d’une manière parfaitement déterminée ?

» La cause en est, répondrai-je, qu’ils ne connaissent pas parfaitement les qualités et les vertus des étoiles qui concourent à produire tel effet ; s’ils les connaissaient, ils pourraient juger de ces effets [d’une manière entièrement déterminée].

» Je crois que les anges ont, de ces vertus et qualités, une connaissance parfaite, en sorte qu’ils peuvent bien juger de ces effets, et relativement au temps où ils se doivent produire, et relativement à leur qualité et à leur grandeur ; si quelque étoile

  1. Secundus scripti Oxoniensis doctoris Subtilis fratris Joannis Duns Scoti ordinis Minorum super sententias. — Colophon : Explicit scriptum super secundo sententiarum subtilissimi doctoris Joannis Duns Scoti ordinis minorum a fratre Mauritio hibernico de portu sacre theologie professore clarissime emendatum. — (Colophon à la fin des Quolibets : Expliciunt questiones Quolibetales… Impresse Uenetijs (mandato domini Andreæ Torresani de Asula) per Simonem de Luere. 28 Julii 1506.] Dist. XIV, quæst. III, fol. 67, manchette en marge de la col. a.
  2. Joannis Duns Scoti Op. laud., quæst. cit., art. II, éd. cit., fol. 67, col. c.