vements, soit les diverses grandeurs du Ciel ? Cela, les principaux astronomes te l’enseigneront, si tu les as lus.
» Autorisé par Ptolémée, Albatégni[1] écrit que, dans l’excellence d’un tel magistère, dans un ordre si noble et si céleste, il n’est donné à personne de saisir la vérité ad unguem. »
Ce qu’Al Battâni avait dit de l’ignorance où nous sommes touchant le véritable mouvement des points équinoxiaux, Apollon le répète.
« Ces rapports exacts, poursuit-il, ni l’Arithmétique ni la Géométrie ne t’amèneront à les connaître ; lorsque ces sciences s’appliquent à des choses sensibles, elles prennent leur appui sur des principes sensibles…
» Ce sont donc des présomptueux, ceux qui se vantent d’avoir trouvé un almanach perpétuel, de nous avoir donné le véritable calendrier ; une telle trouvaille n’est peut-être au pouvoir de qui que ce soit ; et à coup-sûr, il est impossible à un homme de reconnaître qu’il a trouvé quelque chose de ce genre.
» Je pris alors la parole : Mon bon Père, je comprends que les forces humaines ne parviennent pas à de tels résultats, si elles ne présupposent quelque principe antérieurement examiné ; je sais maintenant que le jugement des sens n’atteint pas à la précision, et que, s’il lui arrivait de l’atteindre, il ignorerait encore qu’il a jugé avec exactitude ; une addition ou une soustraction insensible changerait, en effet, le rapport sans changer ni le jugement que nous portons ni la connaissance que nous possédons. Certes donc, je n’irai pas présumer qu’une démonstration mathématique puisse terminer le problème qui m’occupe. Mais, ô dieux immortels qui connaissez toutes choses, pourquoi fîtes-vous que l’homme désire naturellement de savoir, et pourquoi, décevant ce désir, nous cachez-vous les plus belles et les plus nobles vérités ?…
» Puis donc qu’il est tant de choses que notre pouvoir de découverte ne nous permet pas de savoir, je vous supplie de consentir à ce que par votre enseignement, et en vertu de votre grâce bienveillante, je reçoive solution de ce doute. » Apollon sourit ; il jeta un regard sur les Muses et les Sciences qui l’entouraient, et leur donna cet ordre : Enseignez-lui ce qu’il demande.
» Aussitôt, l’Arithmétique de dire : Tous les mouvements du Ciel sont commensurables entre eux. La Géométrie, se levant
- ↑ Al Battâni.
